Dans son discours à l'occasion de la commémoration de la «Marche verte» qui s'est conclue en 1975 par l'occupation du Sahara Occidental par son pays, Mohammed VI s'est évertué à vouloir prouver que son pays n'a pas de «leçon» à recevoir sur la question des droits de l'homme que le Maroc est internationalement accusé de bafouer au Sahara Occidental de façon flagrante et violente. Il s'y est maladroitement et grossièrement pris en essayant de faire croire que les accusations dont le royaume fait l'objet en la matière sont de fabrication algérienne et donc sans valeur car venant d'un Etat et d'autorités qui « bafouent systématiquement » ces droits de l'homme. L'explication royale qui prête à l'Algérie d'être derrière la campagne internationale stigmatisante du Maroc sur les droits de l'homme a complètement dérapé quand Mohammed VI s'en est pris aux ONG internationales de défense de ces droits en formulant contre elles l'accusation d'être «payées» par Alger pour mobiliser les opinions publiques contre Rabat. Dans l'affolement qui est le sien de voir la montée de la pression internationale sur son pays dénoncé pour ses pratiques anti-droits de l'homme, le monarque croit pouvoir l'enrayer en diabolisant ceux qui les exercent en les montrant sous influence d'un Etat, l'Algérie, dont la position dans l'affaire sahraouie vise à l'aboutissement d'intérêts autres que la défense des droits du peuple sahraoui. Le monarque marocain attribue à l'Algérie une telle capacité « d'acheter » les consciences qu'il s'est auto-intoxiqué au point d'en voir l'une de ses conséquences dans l'initiative des Etats-Unis le printemps dernier d'élaborer un projet de résolution au Conseil de sécurité visant à élargir aux droits de l'homme le mandat de la mission de l'ONU dans la région (Minurso). En fait, le Palais et le Makhzen découvrent décontenancés que l'image soft et idyllique de la monarchie marocaine telle que leurs relais internationaux stipendiés ont imposée depuis des lustres à l'opinion internationale s'est singulièrement ternie sous le coup des révélations qui ont abondé sur la situation de déni et de violence faite par les autorités marocaines d'occupation au peuple sahraoui dont le seul crime est de revendiquer l'exercice de son droit inaliénable à l'autodétermination. L'Algérie plaide effectivement en faveur de cet exercice, mais n'est pas le seul pays à le faire. Aucun Etat dans le monde n'a accepté de reconnaître le « fait accompli » de l'occupation marocaine du Sahara Occidental. Mais le Trône et le Makhzen la ciblent en premier lieu et lui imputent leurs déboires sur la question sahraouie avec pour calcul que s'ancre dans l'opinion internationale la thèse qu'ils veulent lui vendre que le conflit sahraoui n'est pas de nature colonialiste, mais un différend géopolitique algéro-marocain. L'Algérie ayant fait échec à cette présentation du conflit par une position et des propositions partagées par la majorité de la communauté internationale, le Palais et ses courtisans tentent par des provocations allant crescendo dans l'aggravation de la contraindre à se départir de la retenue dont elle fait preuve à l'égard de leur fuite en avant, avec l'espoir qu'il s'en produirait une situation régionale dont les relais internationaux du royaume s'en prévaudraient pour relancer leur thèse et prétendre à une solution du conflit épousant la présentation qu'elle en fait.