L'intifada sahraouie que les forces d'occupation répriment dans le sang, à la grande indignation du monde, a atteint son premier but, qui était de démontrer la fausseté de la propagande marocaine sur «l'attachement du peuple sahraoui à la marocanité de son pays et sa fidélité au trône alaouite». Les dizaines de milliers de personnes qui défient à mains nues, pacifiquement, le Makhzen et son arsenal répressif en revendiquant l'indépendance et leur solidarité avec le Front Polisario, et les réfugiés dans les camps de Tindouf ont en effet infligé une «bérézina» médiatique à cette propagande marocaine en obligeant le Makhzen à se montrer tel qu'il est, à savoir un occupant brutal subjuguant par la force une population refusant le fait accompli de sa colonisation. Il n'y aurait plus grand monde, en dehors des médias stipendiés par les autorités marocaines, pour accorder crédit aux mises en scène que monte le Makhzen pour créer l'illusion d'une adhésion populaire sahraouie à leur thèse de marocanité du Sahara Occidental. Ce qui se passe à El-Ayoun et sa région est tout simplement un référendum d'autodétermination par lequel la population sahraouie a exprimé son désir d'indépendance en dépit de la répression sauvage qui s'est abattue sur elle pour l'en empêcher. Le massacre d'El-Ayoun met ainsi fin au mythe d'un Sahara Occidental intégré au Royaume marocain avec le libre consentement de sa population. Le sang et le souvenir des victimes de la tuerie prévaudront toujours et irrémédiablement sur les arguments dont le Makhzen a usé et usera encore concernant le prétendu droit légitime du Maroc sur le Sahara Occidental. L'opinion internationale, y compris son segment qui s'était laissé prendre à la propagande marocaine, a été choquée par la brutalité sanguinaire de la répression ordonnée contre les occupants pacifiques du «Camp de la liberté». En témoignent les réactions d'indignation dans le monde, y compris parmi les milieux pourtant acquis à la thèse de Rabat concernant le Sahara Occidental. Acculé, désarçonné par la révolte pacifique d'une population qu'il prétendait composée de «fidèles et loyaux sujets», en lâchant sur elle ses soudards, le Roi a commis la faute qui réduit à néant toute la propagande du Makhzen ayant cherché à imposer l'image que cette population est contente de son sort sous la bienveillante et paternelle autorité du Trône. Le bain de sang d'El-Ayoun est la preuve que ce n'est pas en territoire sous occupation marocaine que la population sahraouie est libre, bénéficiant des droits de l'homme et de l'expression. Le «Roi est nu», réduit à cette situation par la détermination pacifique et courageuse d'une population et de militants des droits de l'homme qui l'ont forcé à montrer la véritable nature de son régime et de l'occupation qui a cours au Sahara Occidental. Il sera ardu, voire impossible après cela aux soutiens internationaux du trône marocain de prendre sa défense et de présenter la question sahraouie comme n'existant que parce qu'un Etat tiers, l'Algérie en l'occurrence, refuse de reconnaître la «marocanité» du Sahara Occidental. Ce refus, le peuple sahraoui le proclame à la face des forces de répression du Makhzen et de celle du monde entier. L'Algérie, fidèle au principe de la liberté pour tous les peuples, ne peut que se solidariser avec les Sahraouis en intifada.