Les élus de l'Assemblée populaire communale de Sidi-Djilali (60 kilomètres au sud de Tlemcen), ne semblent guère se soucier de l'état des rues et des trottoirs de la ville dont certains sont dans un état lamentable : chaussées impraticables, abîmées, déformées, voilà l'image que renvoie la ville au quotidien. Le spectacle actuel est désolant ! A l'exception de l'artère principale traversant le centre-ville qui abrite les sièges de daïra et l'APC, aucune route du réseau de voirie n'a bénéficié des travaux de revêtement. Une ville de 6 000 âmes qui est pourtant représentée, aujourd'hui, au plus haut niveau par un sénateur et avant par deux députés à l'APN. Les habitants se plaignent à raison de la voirie en très mauvais état. Chacun a près de chez lui un trou, un trottoir défoncé. Se déplacer en fauteuil ou avec une poussette relève souvent du parcours du combattant. Des trottoirs trop étroits mettent parfois en danger les piétons. Profitant de la présence de notre journal dans cette ville agropastorale, les habitants contestent «l'état de la ville», sa propreté, mais surtout l'état de sa voirie. « Nous souffrons beaucoup de l'impraticabilité des routes ; le réseau routier est déplorable à cause de la nonchalance des élus, et à leur tête le P/APC qui gère cette commune », s'indigne un habitant de Sidi-Djilali. « J'habite le quartier depuis plus de trente ans et son état ne s'est pas amélioré. Bien au contraire, la voirie ne cesse de se dégrader », se lamente un autre habitant. Pendant l'hiver, la situation se complique davantage. Les lieux sont noyés dans de grandes mares qui persistent plusieurs mois. Sur de nombreux axes, les voies n'ont jamais connu de bitumage. Et que dire du manque d'avaloirs ou de caniveaux jamais réalisés le long de ces rues. Laisser ainsi l'espace public s'enfoncer dans le délabrement est une vraie faute. D'abord parce que la sécurité du piéton et de l'automobiliste n'est plus assurée : dégâts matériels sur les véhicules, mais également chutes à cause d'un nid de poule ou d'un pavé déchaussé (quand on sait les conséquences que peuvent avoir certains de ces accidents sur les personnes âgées par exemple !), augmentation de risque de collision voitures / piétons, etc. Il y a lieu de signaler que de nombreuses actions ont été menées récemment par les citoyens pour protester contre la dégradation du cadre de vie et contre le laxisme des autorités locales. Jusque-là aucune mesure n'a été prise pour résoudre définitivement les problèmes multiples de cette commune qui englobe près de dix quartiers et qui a payé un lourde facture durant la guerre de libération. En effet, réputée pour être le berceau des moudjahidines dès les premières étincelles de la révolution, cette région steppique a beaucoup donné pendant la guerre. Les familles : Benchadli, Ben Ahmed, Oued, Belharane, Boukarabila, Ben Sahnoune, Diche, Becheleghem, Bouabsa, Bouchenafa, Beldjilali, Ben moussa, Hajaoui, Mouhadjer, Lazaar, Kidari, Kaddouri, Torchaoui, Ben Zair et Guenoun comptent des centaines de martyrs tombés au champ d'honneur. Des centaines d'autres moudjahidines ont subi des sévices dans les centres de torture à Sidi Mokhfi, Dar Kebir et Sidi M'hamed. Le mois de septembre 1957, pas moins de onze héros (Benchadli Ahmed, Chaoui Yahia, Berafif Mohamed, Berafif Bensaïd, Bouchenafa Yahia, Becheleghem Kaddour, Heubri Ould Mohamed, Kébir Boutelataâche, Slimani Djilali, Abdallah Mohamed et Benzaïr Abdelkader) ont été lâchement abattus par l'armée coloniale. Les corps des chahids furent exhibés par le général français Garcia Joseph dans les rues de Sidi Djilali en guise de trophée. En 1956, 9 autres chahids (Benahmed Mohamed et son fils Benahmed Djilali, Benhmidi Ali dit Boucedra, Benhmidi Abdelkader, Bouabsa Abdelkader Ould Yahia, 3 frères Hajaoui Abdesslam, Hajaoui Abdelouahed, Hajaoui Boubekeur et leur neveu Hajaoui Djilali Ould Miloud Largo ont été assassinés après une attaque de la caserne des forces coloniales françaises à Sidi Djilali. Selon le secrétaire de l'ONM de Sidi Djilali, Benmoussa Abdelkader, parmi les batailles célèbres menées par les moudjahidines contre l'occupant français et au cours desquelles des dizaines de soldats coloniaux ont été tués et d'importants lots d'armes et de munitions récupérés, on peut citer : les trois batailles de Djebel Tnouchfi en 1957 et 1958, les deux batailles d'Ain Khalil en 1956, la bataille Djebel El-Hirèche en 1957 et la célèbre bataille d'El-Maddarba en 1957.