Après le constat, la solution. Vingt-quatre heures après sa visite à Chteibo, où il a découvert que la face visible de cette bourgade de 120.000 âmes était bien pire que l'image qu'il s'en était fait, le wali a confronté, au siège de la daïra d'Es Sénia, responsables et citoyens. Non pas pour faire le procès des premiers, mais pour régler les problèmes les plus pressants. La rencontre tenue dans le petit amphithéâtre de la daïra d'Es Sénia, avant-hier, lundi, entre 16h30 et 18h30, n'avait pas pour vocation un réquisitoire, contre les responsables, pour les malfaçons et autres chantiers inachevés qui ont créé plus de problèmes pour Haï Nedjma qu'ils n'en ont résolus. Au contraire, cette réunion se voulait «salvatrice», et quelque part aussi «réconciliatrice». Même la configuration de l'assistance, qui a, de manière spontanée, pris la forme d'un «dipôle», avec les responsables de l'exécutif installés, tous ensemble, sur un côté de la salle et les représentants de la société civile locale, sur le côté opposé, a déplu au wali, et l'a poussé à faire ce point d'ordre, au moment fort du débat : « La prochaine fois, je veux voir tout le monde confondu. Pas de blocs. Nous ne sommes pas là dans un esprit d'antagonisme, ni d'arbitrage, entre les uns et les autres, pour trancher sur « qui a raison et qui a tort ? ». Nous voulons, uniquement, résoudre les problèmes de premier ordre, en termes d'urgence et de nécessité, pour la localité de Chteïbo. Je ne vous promets pas d'en faire un paradis. En revanche, je m'engage, devant vous, à assainir, d'ici peu, la situation en matière d'alimentation en gaz naturel, l'AEP, l'aménagement, la voirie, l'éclairage, et tout ce qui suit », a affirmé M. Zâalane Abdelghani. Comment compte-t-il relever ce défit ? Voici, étape par étape, sa méthode conçue pour régler le problème. Premier acte : le diagnostic. Diagnostiquer correctement l'état des lieux, c'est déjà la moitié de la solution. A cet effet, un point de situation a été donné, secteur par secteur, chapitre par chapitre. Premier à intervenir, le directeur de l'Hydraulique de wilaya (DHW), pour dresser un bilan sur l'opération d'assainissement des eaux usées, visant à éradiquer le phénomène des fosses septiques, à Chteïbo. Il a fait savoir que ce projet est scindé en 2 tranches. La première, d'un linéaire de 10 km, a été menée à bout en 2005. La deuxième, quant à elle - en l'occurrence celle qui a fait couler beaucoup d'encre, en raison des multiples irrégularités dont elle est entachée - consiste en 3 lots, pour un linéaire total de 60 km. Les 1er et 2e lots sont achevés à 100%, stations de relevage respectives comprises. Le 3e lot, sur 8 km, qui a vu la désignation d'une nouvelle entreprise, après la résiliation du contrat avec la première, est tributaire de l'achèvement de la partie « station de relevage », prévu avant fin décembre prochain, selon le DHW. Pour les branchements individuels, 8.632 ont été réalisés sur un total de 9.312 programmés dans le cadre du contrat, soit autant de fosses septiques à éradiquer. Le reste, soit 680 branchements, est en cours, a précisé le DHW. Ceci, alors qu'une 7e tranche de 1.400 branchements, au réseau d'assainissement, est non encore lancée car non couverte financièrement. UNE CELLULE «EXECUTIF / CITOYENS» POUR LE SUIVI Le DHW en a évalué le coût à 6,5 milliards. Pour l'eau potable, Chteïbo est couverte à 100% par le réseau AEP de Seor, a-t-il assuré. Parole ensuite au directeur de l'Energie et des Mines (DME), pour faire le compte rendu sur le raccordement de Chteïbo, en gaz de ville. Un contrat entre Sonelgaz, par le biais de son centre Es Sénia, et la DAL, au profit de la commune de Sidi Chahmi (maître d'ouvrage), avait été signé, en 2011, qui s'est soldé par un montage financier de 318 milliards de centimes, donnant lieu à des contrats d'exécution avec des entreprises, dont les travaux ont été entamés en octobre 2011, pour un délai contractuel de 7 mois. Réparti en 8 lots, ce réseau d'un linéaire de 74 km, consiste en 10.000 foyers. Le 1er lot est déjà mis en service. Le 2ème lot est tributaire des travaux d'éradication des fosses septiques. Le 3ème lot est à 60%. Le 4ème lot en est à 30%. Pour le reste, l'opération butte sur la contrainte des travaux d'assainissement à l'arrêt. Ainsi, sur les 10.000 foyers, seulement 1.400 sont alimentés en gaz, jusqu'ici. Une proportion si infime, au point où le wali a instruit la DME de ne pas attendre l'achèvement de l'assainissement et d'intervenir, immédiatement, par petits tronçons. Une échéance, pour le 20 décembre prochain, a été avancée pour au moins 2 lots. Troisième dossier, la viabilisation, le wagon le plus en déphasage à Haï Nedjma. Dotée d'une enveloppe de 15,7 milliards de centimes, l'opération inscrite à l'indicatif « amélioration urbaine », la DUC, (voirie, aménagement et éclairage), touchant un secteur de 15 ha sur une superficie globale de 420 ha de Chteïbo, est presque au point mort. Déjà le montant, en soi, est insignifiant par rapport à l'ampleur du projet. Quand on y ajoute la médiocrité et la désinvolture, les résultats ne peuvent être que catastrophiques ! C'est le cas sur le terrain, notamment quand il pleut. Les citoyens qui se sont relayés devant le wali ont, par leurs témoignages vivants, et leurs déboires aussi, dévoilé un petit pan sur cette triste et pénible réalité 2ème acte, dénicher des ressources financières. Et dans cet exercice, en particulier, le nouveau wali d'Oran a fait montre d'un esprit de « débrouillardise » peu commun, réussissant à gratter quelques milliards par-ci, quelques milliards par-là, (budget de wilaya, budget communal, budget de la DUC, reliquats d'anciens programmes, autorisations de nouveaux crédits, etc.), jusqu'à amasser une belle cagnotte de 83 milliards, qui sera injectée pour parachever les opérations en souffrance et lancer celles non couvertes. Et convaincu que « l'argent, ce n'est pas toute la solution », et qu'«avant tout, c'est une question de gestion et de suivi, au jour le jour, et sur le terrain, par des hommes sérieux et aptes», le wali a, sur fond d'un «bilan très noir» et des «résultats très négatifs», sur le coup, relevé de son poste, le subdivisionnaire de l'Urbanisme et de Construction (SUC) de la daïra d'Es Sénia. 3ème acte, le mode de gré à gré pour des entreprises publiques et, en parallèle, l'installation d'une cellule chargée du suivi quotidien de la concrétisation de la nomenclature des dispositions prises pour la mise à niveau des réseaux VRD de Chteïbo ainsi que tous les problèmes collatéraux. Cette cellule, présidée par le chef de daïra d'Es Sénia, est composée, outre des responsables des différents secteurs concernés, d'élus municipaux et de représentants des habitants.