L'intégration de la steppe dans le vaste processus de développement national initié par les pouvoirs publics dans le cadre des deux précédents plans quinquennaux depuis plus d'une décennie a pour objectif prioritaire le décollage socio-économique des régions steppiques du pays et comme finalité l'avenir des populations nomades. Il faudrait également mettre tout le paquet sur la régénération de la flore et de la faune locales menacées d'extinction. Et ce n'est pas une affaire de tout repos ni une sinécure, nous confie Mr Djedid Okazi, conservateur des forêts de la wilaya d'El-Bayadh, en soulignant que l'improvisation, source de toutes les erreurs, n'a plus droit de cité dans toute démarche empreinte de rationalité. La mission est très ardue et complexe à la fois, dit-il, surtout lorsqu'on sait que cette région qui s'étend sur plus 79.500 km2, se caractérise par trois zones très distinctes, à savoir les plaines steppiques, l'Atlas saharien et enfin celle dite pré-saharienne où les espèces végétales et animales diffèrent d'une contrée à une autre. Les superficies forestières boisées sont estimées à 122.111 hectares, les nappes alfatières à 240.250 ha, soit un taux insignifiant de 1,70% ; ceci tout en prenant en considération les maquis, les forêts et les broussailles. Les hautes plaines steppiques sont durement éprouvées par un climat des plus rigoureux, par l'avancée du sable et par les surpâturages en toutes saisons et enfin par le défrichage et les labours sauvages, autant de facteurs qui ne pardonnent point et mettent à rude épreuve des centaines de milliers d'hectares de terres également fragilisées par l'homme qui feint le plus souvent d'ignorer les conséquences de ses dépassements. La Conservation des forêts de la wilaya, déterminée plus que jamais à prendre le taureau par les cornes, a mis sur selle un vaste plan de sauvetage de cette contrée longtemps omise, par le biais de l'application des différents programmes de développement, dont les retombées très significatives enregistrées actuellement font que le nomade puisse tirer aisément profit de nombreux avantages. La mise en application d'une série de projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI) prouvent, à plus d'un titre, les réelles mutations subies par la steppe. En témoignent les 274 contrats de performance lancés, sur les 320 approuvés à l'heure actuelle. Pour les seuls programmes du FDDRMVTC et FLDDPS retenus dans le cadre de 20 thèmes fédérateurs totalisant 41 opérations (PPDRI) pour une autorisation de programme d'un montant global de l'ordre de 1.718.007.929,50 DA, l'on relèvera qu'une multitude d'actions de grande envergure a été menée à terme depuis le début de l'année 2009. Il s'agit de l'équipement de plus d'une trentaine de points d'eau en énergie éolienne, d'aménagements de pistes, de réalisations d'abreuvoirs, de plantations d'arbres fruitiers, de reboisement et enfin de forage de puits. Sur ce registre l'on notera que la Conservation des forêts joue un rôle moteur dans le cadre du développement rural. Cela ne veut pas dire pour autant que la lutte contre la désertification a été omise, bien au contraire. Des efforts considérables ont été déployés dans le cadre de l'intensification de la lutte contre l'avancée du sable et, sur ce registre, il a été constaté des progrès énormes plus particulièrement en ce qui concerne les opérations de reboisement et de régénération des espèces végétales. Le conservateur des forêts rappellera à ce propos qu'un secteur aussi stratégique que celui qu'il dirige doit prendre en considération trois facteurs essentiels, à savoir la flore et la faune locales et l'impact économique des opérations sur les activités de la population rurale. Il faudrait, devrait poursuivre ce même responsable, relever le pari qui consiste à sédentariser l'éleveur sur des parcelles bien définies géographiquement en lui assurant bien sûr le minimum vital, en d'autres termes l'eau et un environnement adéquat. C'est ainsi qu'il a été réalisé et avec succès quelque 8.500 hectares de terres mis en défens, 913 ha en plantations fruitières (l'olivier) et enfin de 350 autres en plantations forestières (cyprès, pin d'Alep et chêne vert) en plus de l'aménagement de 256 kilomètres de pistes à l'intérieur des plaines et de part et d'autre des deux versants des djebel Bouderga, Ksel, Ouastani et des monts des ksours. Si en amont l'accent a été mis plus particulièrement sur la protection des sols par l'introduction de nouvelles espèces végétales et essences forestières, en aval on a dû entreprendre des travaux contre l'érosion éolienne en dressant des retenues d'eau collinaires, des barrages dits de correction torrentielle, un appoint non négligeable en matière d'hydraulique. Plus d'une trentaine de forages et de puits ont vu le jour à travers les trois zones des Hauts-Plateaux au seul profit des nomades et des transhumants qui essaiment la région du grand Sud. Enfin, il y a lieu de rappeler que ce vaste programme mis en œuvre dans toute sa diversité a pu drainer dans son sillage pas moins de 4.000 emplois en milieu rural et les jeunes filles ont eu, elles aussi, la partie belle puisque les moins chanceuses d'entre elles qui n'ont pu accéder à une formation ont eu droit à des métiers à tisser traditionnels qui leur assurent d'ores et déjà des revenus financiers substantiels grâce au travail de la laine et à la confection de produits dérivés.