Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, ne cache plus ses ambitions. Dans une conférence de presse animée hier au siège du parti à Hydra sur les hauteurs d'Alger, l'ancien président de l'APN a affirmé clairement qu'après les élections présidentielles de 2014 il demandera au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, de prendre la tête du gouvernement qui sera dirigé, selon lui, par une majorité FLN. «Il faut laisser au peuple la latitude de juger notre action par lui-même», note Saâdani qui rappelle en ce sens qu'il appartenait à la majorité de gouverner en feignant d'oublier que c'est le FLN qui dirige ce pays depuis 1962. Amar Saâdani est convaincu que c'est le président sortant qui sera réélu même si ce dernier n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature. Le président de la République attend les délais réglementaires pour annoncer sa candidature, renchérit le conférencier qui reproche à l'opposition et même aux journalistes de trop focaliser sur cette question. «Bouteflika représente la paix et la stabilité en Algérie et cela le peuple algérien le sait», tonne le SG du FLN qui souligne que cette «vérité» est connue même du revendeur de cigarettes du coin qui est conscient, ajoute t-il, que son commerce est assuré par la présence de Bouteflika à la tête du pays. En fait, selon Saâdani, à part Bouteflika, il n'existe aucune personne en Algérie capable de maintenir la «cohésion du pays». «L'opposition sait pertinemment que si Bouteflika se représente il remportera encore une fois les élections», dira le conférencier qui fait état par ailleurs d'une «opposition aux abois qui a peur de cette éventualité». Saâdani ira encore plus loin en ironisant : «Nous comprenons parfaitement cette peur». Offensif, quelque peu irrité, le secrétaire général du FLN est revenu sur la couverture médiatique dont a bénéficié Abdelaziz Belkhadem avant-hier. Pour lui, Belkhadem n'est qu'un simple membre du Comité central et sa présence au meeting de la Coupole entre dans ce cadre. Ce sont les journaux qui ont amplifié et gonflé l'événement, estime Saâdani qui souligne que si Belkhadem est venu pour soutenir la candidature de Bouteflika, il reste le bienvenu. Sur la révision de la Constitution, on remarquera un net recul de la position de Amar Saâdani. Alors que dans un passé récent il conditionnait l'organisation des présidentielles par la refonte d'abord de la Constitution, hier il a mis de l'eau dans son discours, en affirmant que la revendication du FLN reste une simple proposition. Interrogé par le «Quotidien d'Oran» sur ce qui dérange le FLN dans la présente Loi fondamentale, Saâdani dira simplement que son parti veut désormais l'instauration d'un état civil qui jouit de la séparation des différents pouvoirs. Quelle que soit la décision de Bouteflika, le FLN, à l'instar d'autres partis, dispose de ses propres propositions pour ce qui est de la révision de la Constitution, ajoute Saâdani. Pourquoi tant d'attaques contre le DRS alors que c'est lui qui a chapeauté Bouteflika en 1999 et accompagné le président dans son projet de réconciliation nationale ? Là aussi, Saâdani a été quelque peu évasif en affirmant que le temps est venu de «passer à une autre étape en séparant les prérogatives de chacun». Pour lui, la «période de transition» est terminée et les militaires doivent regagner leurs casernes. Enfin sur les «agitations» de ses opposants au sein de son propre parti, le SG du FLN a réitéré ce qu'il avait déclaré la veille, à savoir «qu'ils sont chargés d'une mission qui prendra fin juste après les élections présidentielles». Amar Saâdani se voit déjà en homme d'Etat fort et affirme que cela est tout à fait «légitime».