Malgré la volonté affichée, en avril dernier, par le gouvernement Sellal de mettre de l'ordre dans le secteur de la commercialisation des véhicules neufs, force est de constater que les abus, dénoncés en premier par les clients, continuent d'atterrir sur les bureaux des associations de protection des consommateurs. Ainsi, l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a enregistré durant l'année 2013, un peu plus de 700 réclamations dont 80% étaient contre des concessionnaires automobiles. Pour sa part, la Fédération algérienne des consommateurs (FAB), a reçu plus de 200 plaintes toujours relatives au marché de l'automobile. Pour ces deux associations, les retards de livraison et les problèmes techniques constatés sur les véhicules achetés figurent parmi les motifs les plus récurrents. Le non-respect des clauses du service après-vente, la publicité mensongère et l'arnaque sur l'origine des produits sont également les raisons des plaintes. Mustapha Zebdi, le président de l'APOCE, a expliqué que son organisme a recensé 22 infractions concernant la vente de véhicules neufs, mais qu'une grande partie de ces litiges a été traitée à l'amiable. Auparavant, il avait dénoncé cette situation affirmant, dans une déclaration à la presse, que «les prix augmentent, mais les clients sont contraints d'attendre plusieurs mois avant de se faire livrer le véhicule commandé, alors que le décret 07-390 stipule que le délai ne doit pas excéder 45 jours». Il ajoute, à propos de certains concessionnaires de véhicules, qu'ils «font fi de la loi en vigueur et traitent les consommateurs sans la moindre considération». Un état de fait accentué par des pratiques frauduleuses minant le secteur de la vente de véhicules neufs constatées par l'Etat qui a décidé d'intervenir pour mieux le réguler. «Un projet de loi modifiant le texte de 2007 est en préparation et intervient pour prendre en charge les dysfonctionnements et les anomalies constatées, notamment la pratique de l'achat de plusieurs véhicules par la même personne pour la revente sur la voie publique», avait indiqué le directeur du contrôle et de la répression des fraudes au ministère, Abdelhamid Boukahnoun. De nombreux courtiers et de revendeurs au noir ont organisé un vrai marché parallèle de vente, principalement sur les bordures des routes et dans les parkings des cités, renforçant ainsi la spéculation et le secteur informel. Même si cette pratique existait depuis toujours, elle ne concernait que les voitures d'occasion. Mais depuis quelques années, et plus précisément après la suppression du crédit à la consommation, la vente de voitures neuves s'est imposée en force au détriment d'éventuels acquéreurs qui se voient obligés de s'adresser à ces revendeurs non agréés. En effet, vu que les textes de loi en présence ne peuvent pas interdire à un concessionnaire de vendre plusieurs véhicules à une même personne, les ruptures de stock et les listes d'attente d'une année et plus sont devenus le lot commun de beaucoup de gens en quête d'un véhicule automobile neuf. D'où l'objectif premier de la modification du décret n° 07-390 pour «encadrer et prévoir ces pratiques pour qu'elles soient réprimées à l'avenir», a expliqué M. Boukahnoun qui indiquera qu'un groupe de travail interministériel prendra en charge cette révision. Une décision prise suite à un rapport transmis au Premier ministre. M. Boukahnoun révèle que l'enquête accuse certains employés de concessions d'acheter plusieurs véhicules au nom de membres de leurs familles pour les revendre sur la voie publique. Quant au président de la FAB, Zaki Hariz, il lie la situation «déplorable» des associations de protection du consommateur au manque de moyens humains et financiers. Pour le ministère du Commerce, les subventions accordées annuellement aux associations de protection des consommateurs entre 2003 et 2009 étaient de 10 millions de DA avant de passer à 30 millions de DA en 2010. Entre 2012 et 2013, 17 associations activant à l'échelle nationale ont bénéficié d'une subvention de 25 millions de DA.