Bouteflika a pu à un moment songer à quitter le pouvoir au terme de son troisième mandat. Il a définitivement exclu cette perspective quand sous couvert de lutte contre la corruption le département du renseignement dirigé par le général Mediene a fait éclater au grand jour des affaires de cette nature dont bizarrement les concernés appartiennent ou gravitent tous autour du clan présidentiel. Pour Bouteflika, cette offensive a préfiguré que ses proches et son clan auraient à pâtir gravement de son retrait surtout avec un successeur animé par un esprit de revanche contre ce clan. L'annonce par Ali Benflis qu'il brigue la candidature à la magistrature suprême n'a pas peu contribué à raviver les craintes des groupes d'intérêts agglomérés dans le clan présidentiel et fait s'évaporer la tentation pour Bouteflika de partir en avril prochain. Toutes les options autres qu'un quatrième mandat ont dès lors été définitivement abandonnées par le chef de l'Etat et son clan. D'où la brutale offensive que le clan présidentiel a lancée à l'inspiration de Bouteflika contre l'autre clan du pouvoir qui leur est apparu opposé au quatrième mandat et susceptible d'y faire obstacle. En retirant à Mediene la tutelle des services du DRS ayant une fonction plus politique que de renseignement, Bouteflika a incontestablement affaibli le général en sa capacité de peser pour une solution autre que le quatrième mandat. Contre Mediene, Bouteflika a usé du stratagème du découplement du DRS d'avec l'institution militaire qu'avaient mis en œuvre les deux hommes en 2004 pour neutraliser le chef d'état-major de l'époque Mohamed Lamari alors hostile à la réélection de Bouteflika pour un deuxième mandat. Cette fois Bouteflika a mis de son côté l'état-major de l'armée et son chef et ainsi isolé le chef du DRS le contraignant par discipline de corps à se rallier au quatrième mandat pour Bouteflika. Qui peut douter maintenant que Bouteflika officiellement candidat, l'élection présidentielle pourrait réserver des surprises ? Pour entretenir une illusion dans ce sens, il faut avoir la naïveté de croire que le président sortant ne compte pour la remporter que sur son bilan et la popularité que ses partisans disent intacte au sein de la population. Les directives, l'une ayant émané du président sortant, les autres du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales enjoignant aux démembrements de l'administration d'Etat à rester « neutres » entre les candidats en lice pour l'élection présidentielle, ont incontestablement visé à donner à croire que le pouvoir est déterminé à organiser une compétition à la fois ouverte, transparente et régulière. Il faut se faire une raison, ce pouvoir a acté par avance la victoire du président sortant et ne reculera devant rien pour qu'il en soit ainsi. Dès l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika, la certitude s'est faite dans les rangs des partisans des autres compétiteurs que l'élection présidentielle est conclue avant de s'être tenue. Combien de ces compétiteurs qui ont été une centaine à remettre leur déclaration d'intention avant que Bouteflika n'entre en lice, vont malgré tout tenter « l'aventure » électorale en sachant qu'ils ne seront que des lièvres et des alibis pour une compétition sur laquelle ils développent la conviction que la participation du président sortant l'a verrouillée irrémédiablement.