Bouteflika s'étant officiellement déclaré candidat, il s'agit maintenant pour le camp présidentiel d'organiser sa campagne électorale par laquelle susciter sur sa candidature l'élan populaire qu'il sait singulièrement refroidi tant l'option d'un quatrième mandant pour un postulant malade, et de ce fait perçu comme étant dans l'incapacité physique d'assumer la charge présidentielle, suscite des réticences et des désapprobations y compris parmi les citoyens qui vouent encore respect et sympathie à l'homme d'Etat. Comme cela était prévisible, ce serait Abdelmalek Sellal qui va être désigné en tant que chef d'orchestre de cette campagne, un rôle dans lequel il a donné entièrement satisfaction en parvenant à empêcher le grippage de la machine électorale du président candidat sous l'effet des rivalités des composantes qui en constituaient le rouage. Cette fois encore, Sellal va devoir « lubrifier » ce rouage que les rivalités partisanes qu'ont les partis et organisations civiles et sociétales amalgamés dans le camp du quatrième mandat risquent de faire grincer. La cohabitation et la cohérence n'apparaissent pas en effet aller de soi entre ces groupes d'intérêts qui au-delà de faire campagne pour Bouteflika et son quatrième mandat vont en l'occurrence chercher à tirer la couverture à soi en visant à apparaître respectivement comme son axe déterminant. Il est attendu que Sellal quitte la primature après avoir bouclé à Tipaza le tour des 48 wilayas du pays dans lequel il s'est engagé aussitôt désigné au poste de Premier ministre pour officiellement « booster » la réalisation du programme présidentiel en chantier, mais perçu non sans raison comme ayant été une campagne préélectorale destinée à convaincre de la « nécessité » d'un quatrième mandat pour Bouteflika. Le départ de Sellal du Premier ministère s'accompagnera de la nomination à ce poste d'un impétrant ayant été « moins marqué » d'activisme en faveur du quatrième mandat, façon de créer l'illusion que le gouvernement en charge de l'organisation de l'échéance électorale répond au critère de « neutralité » exigé de la part de l'exécutif étatique par l'opposition. Si Amara Benyounès et Amar Ghoul sont annoncés comme devant eux aussi s'intégrer au staff dirigeant de la campagne présidentielle, il semble que Bouteflika ait instruit ses proches pour que le sulfureux et controversé Amar Saadani soit sinon tenu à l'écart de l'animation de sa campagne, du moins qu'il y joue un rôle plus discret. Ce n'est pas parce que Bouteflika aurait désapprouvé et désavoué les « sorties » controversées du secrétaire général du FLN qu'il ne veut pas le voir être au premier plan de sa campagne, mais par souci de ne pas paraître redevable à un personnage dont la réputation fait repoussoir au sein de l'opinion publique. D'ailleurs, l'on aura remarqué que le concerné observe un profil bas depuis un certain temps et que ce n'est pas autour de lui et du FLN que s'est constitué un front partisan d'une trentaine de formations acquises à l'option du IVe mandat mais autour de Amar Ghou et de son Taj. Une chose est sûre, la machine électorale en faveur du IVe mandat se met en place et a déjà pris une longueur d'avance sur celle des autres compétiteurs potentiels. Ce qui lui est aisé compte tenu du fait que ses composantes ont eu toute latitude de mener une précampagne électorale et de roder les thèmes qui vont être ceux de la campagne du président candidat. L'inconnue reste la part qu'aura celui-ci dans cette campagne dont d'aucuns prédisent qu'elle sera unique au sens où le premier concerné risque d'être totalement absent de sa conduite et son animation.