Pour gage qu'il veillera à ce que le scrutin du 17 avril ait lieu dans la transparence et la régularité, le chef de l'Etat qui est en même temps candidat à sa réélection a, il y a une quinzaine de jours, adressé une directive à tous les démembrements de l'administration et institutions étatiques appelés à intervenir dans l'organisation et la supervision de ce scrutin. Il leur a enjoint d'observer la stricte neutralité à l'égard des compétiteurs et de veiller au respect des droits que les lois électorales leur accordent eux et leurs partisans à tous les stades du processus électoral. Le ton ferme, comminatoire voire menaçant dont il a usé pour délivrer ses instructions se voulait démonstratif de sa volonté d'empêcher que le scrutin donne lieu au soupçon d'être entaché de fraude comme par avance le redoutent l'opposition et la plupart des postulants à la candidature. Ce ton, les injonctions faites par Bouteflika n'ont pas pour autant rassuré ces derniers qui persistent dans la conviction que la fraude sera au rendez-vous dans ce scrutin et qu'elle aurait même déjà commencé ôtant ainsi toute crédibilité à la directive présidentielle. Par ailleurs, l'annonce que des observateurs étrangers seront à Alger dès la semaine prochaine pour « témoigner » de la régularité du processus électoral et du déroulement transparent du scrutin le 17 avril n'a nullement dissipé leur prévention. Pas plus le fait qu'il est attendu que le Premier ministre et les ministres qui sont directement impliqués dans la campagne électorale du président candidat vont incessamment quitter le staff gouvernemental pour que celui-ci n'apparaisse pas comme mobilisé à son service. Il en résulte qu'il plane un lourd climat de suspicion sur la transparence et la régularité du prochain scrutin qui apporte de l'eau au moulin de ceux qui prônent son boycott ou plus carrément l'arrêt du processus électoral. Il est vrai que jamais préparation d'une élection présidentielle en Algérie n'a été précédée d'un verrouillage au plan de sa prise en charge que celui auquel a procédé le président candidat en nommant aux postes clefs des rouages étatiques et institutionnels allant être en charge de l'organisation du scrutin et du contrôle de son déroulement des personnalités qui lui sont dévouées et acquises sans retenue à l'option quatrième mandat. Verrouillage qui va encore plus loin car il se traduit par une volonté déterminée d'étouffer les voix qui s'indignent de la partialité déjà affichée de l'appareil administratif et encore plus celles qui appellent au boycott ou à l'arrêt du processus électoral. Dans ce climat délétère où partisans et adversaires du président candidat rivalisent dans la surenchère discriminatoire du camp opposé, les citoyens suivent anxieux l'empoignade qui leur fait craindre qu'elle risque de donner lieu à des débordements qui aboutiraient à une situation ingérable pour ses protagonistes. Il y a en tout cas qu'ils n'ont pas pris pour argent comptant l'assurance réitérée prodiguée par le Premier ministre Abdelmalek Sellal que la compétition électorale se déroulera dans une atmosphère sereine et totalement sous contrôle et encore moins celle du président du Sénat ayant affirmé qu'elle allait être un moment de grande démocratie et une avancée majeure de l'Algérie sur le chemin de celle-ci.