« C'est un long cauchemar qui n'est pas près de prendre fin. On ne dort plus, on vit dans la crainte permanente de voir nos appartements incendiés ou de recevoir une pierre sur la tête à tout moment de la journée et de la nuit. La peur et la lassitude a gagné tous les habitants qui ont perdu toute confiance de reprendre une vie normale dans ce quartier où plus personne ne croit à une solution qui pourrait pacifier les relations entre ces bandes qui se livrent bataille sur bataille depuis l'Aïd El Adha dernier, envenimant l'existence des riverains non concernés par le conflit», lâche sur un ton de colère un père de famille rencontré hier à proximité de l'Unité de voisinage (UV) n° 14 de Ali Mendjeli dans la wilaya de Constantine. Hier encore, pour la deuxième nuit consécutive, des pyromanes ont tenté d'incendier deux appartements situés au rez-de-chaussée. Donc, dans la nuit du samedi au dimanche 23 mars, «des cocktails Molotov ont été lancés contre deux appartements où le feu a pris sur les balcons, ravageant tout ce qui s'y trouvait», nous signalent des témoins. Ils ajoutent que les bandes antagonistes ont réinvesti les toits des bâtiments qui étaient naguère occupés par des policiers. Ces toits sont utilisés comme «remparts» d'où ils lançaient leurs projectiles de pierres et de morceaux de ferrailles à l'aide de tire-boulettes, une nouvelle arme redoutable qui a déjà fait des victimes à Ghardaïa. Les policiers qui sont demeurés sur place après le transfert des troupes vers d'autres localités secouées par des troubles ne sont pas en mesure de dominer la situation et dissuader les antagonistes et mettre fin aux affrontements. Ravagés par la haine et la violence, le bon voisinage est un mot rayé du langage pour les habitants de l'UV n° 14 dont les habitudes sont désormais rythmées par la violence et les regards de travers qu'ils se jettent mutuellement par suspicion. «Il ne reste plus ni «rahma» ni «baraka» dans ce quartier», affirment des riverains. Pour rappel, le quartier est occupé depuis quelques mois par les habitants des bidonvilles de Oued El Had, Fedj Errih, Serkina, Chaâbani et 5e km (ou Onama), soit près de 3600 familles qui croyaient avoir échappé aux affres des gourbis mais qui se retrouvent plongées dans un autre genre d'angoisse, imposée celui-là par des groupes mafieux qui font régner la terreur depuis près de six mois.