Sur un site d'affiche nouvellement installé, et sans la moindre conviction, le poster d'Abdelaziz Belaïd est le seul à être accroché. Même de dimension moyenne, il occupe tout l'espace grâce au contraste des couleurs. Mais il n'attire pas l'attention des passagers, notamment celles et ceux qui observent une halte pour acheter des légumes et fruits chez un marchand ambulant squattant le trottoir. La campagne électorale semble lointaine ou sans aucun intérêt. Avant-hier, des jeunes hommes, probablement rétribués, ont collé des affiches du président sortant candidat à sa propre succession. Ils ont accompli leur travail sans être inquiétés le moins du monde. Personne ne leur a prêté attention, ce qui est exceptionnel dans un quartier populaire de forte densité. Toujours en ville, ils sont rares les véhicules qui circulent en arborant l'effigie de tel ou tel candidat. Tout indique que la campagne électorale, cette fois-ci, ne connaîtra pas d'emballement. Les Oranais semblent se désintéresser de la chose électorale. Certes, on attend la visite d'Ali Benflis, dont le meeting est programmé pour le 12 avril prochain. Peut-être que c'est la seule curiosité de cette campagne, parce qu'il est présent au niveau des médias, écrits notamment, et sur les réseaux sociaux. Donc, ils sont nombreux qui veulent constater de visu ce qu'est devenu l'ex-chef de gouvernement et l'ex-candidat aux présidentielles de 2004. Sellal, le directeur de campagne de Bouteflika, qui s'est illustré par ses «dérapages langagiers» est attendu lui le 9 avril. Sans nul doute il drainera les foules qui aimeraient voir en chair et os celui qui a enrichi la langue arabe avec de nouveaux termes. Par contre, les amis d'Abdelaziz Belaïd, et les militants de son parti El Moustaqbal, devront cravacher très dur pour lui rassembler du monde le jour de son arrivée à Oran, le 4 avril prochain. L'homme n'est pas très connu et même son parti, quoique ayant des élus au niveau des assemblées, est de création récente. Louiza Hanoune, Moussa Touati, habitués à tenir des meetings à Oran et surtout rompus à l'exercice de trimballer des militants dans leur sillage dans des bus, tiendront leur messe mais sans créer l'exception, tout comme Saâdani (30 mars), Sidi Saïd (6 avril) ou Abdelkader Bensalah (10 avril). Quant à Fawzi Rebbaïne, possible qu'il ne dérogera pas à sa tradition et tentera de tenir son meeting à Aïn El Turck, là où il a quelques amitiés. Bref, la campagne pour ces présidentielles du 17 avril risque de se résumer à quelques visites de personnalités, la plupart de seconde zone. Les indicateurs sont là pour témoigner du manque de saveur de cette campagne. Rien que le nombre de permanences des candidats en lice informe sur l'absence d'engouement pour ce scrutin, exceptionnel par certains égards. On est loin du nombre réalisé lors des élections de 2004, par exemple. Comme on est loin de la passion et de l'engagement de cette époque. Le recours à des stations de télévision, innovation de cette présidentielle, n'explique pas cette tiédeur.