Un pavé jeté dans la mare : l'ambassadeur de France auprès de la principauté d'Andorre, M. Zair Kedadouche, dépose sa démission à cause du racisme qui sévit au niveau du Quai d'Orsay, écrit-il dans une longue lettre adressée à François Hollande. Dans sa lettre, datée du 5 mars et rendue publique hier, il explicite son geste en soulignant qu' «au Quai, on construit sa carrière par sa réputation. La mienne est faite et je l'assume. Au Quai, on se tait pour faire carrière, j'ai décidé de parler en le quittant. On a atteint à ma dignité, je ne tolèrerai pas qu'on atteigne à la qualité de mon travail. J'ai donc souhaité être déchargé de mes fonctions et retrouver la liberté d'expression afin de dénoncer l'intolérable au sein de la république, non sans avoir en vain tiré la sonnette d'alarme auprès de votre cabinet et celui de mon ministre de tutelle». Soulignant dans ce sillage que «c'est au ministère des Affaires étrangères qu'il a rencontré le racisme le plus abject». Des mots choquants. M Zair Kedadouche, ambassadeur de France auprès de la principauté d'Andorre, a ainsi justifié sa démission, en mettant le doigt sur le mal sournois dont souffrent beaucoup de Français venant de diverses origines, particulièrement les arabo-musulmans. Le racisme est dénoncé quotidiennement par des jeunes à la recherche l'emploi qu'on refuse de recruter à cause de leurs origines ou par simple délit de faciès, ainsi que par des stars du football. Le dernier en date rappelle la réaction du milieu de terrain de l'équipe nationale française, en l'occurrence Nasri, qui avait déclaré que la vie dans l'Hexagone lui déplaît de plus en plus à cause du racisme qui sévit et qui a provoqué dans une levée de boucliers qui conforte ses déclarations, car dans leurs réactions, les Français ont étalé leur haine, accompagnée d'insultes contre les 'intrus'' priés sans «s'il vous plaît» de «rentrer chez eux». Le phénomène du racisme n'est pas propre à la France, il est en vogue dans presque tous les pays «développés» qui attirent les étrangers de pays pauvres, lesquels ne sont du reste admis à la naturalisation que par intérêt, mais la France demeure le plus proche échantillonnage pour les Algériens, en raison surtout de la forte communauté qui y vit. L'ambassadeur démissionnaire est justement, lui-même, d'origine algérienne. Il avait été nommé à son poste après le second tour de l'élection présidentielle, en mai 2012, après de multiples expériences dans différents cabinets ministériels. Aujourd'hui, ce pur produit de la méritocratie républicaine accuse l'administration du Quai d'Orsay d'avoir «couvert des propos racistes et commis une infraction grave» qu'il compte porter devant la justice. «Je dépose une plainte auprès du procureur de la République pour comportements racistes et discriminations sociales et traitement différencié d'un fonctionnaire», annonce-t-il, après avoir saisi le défenseur des droits. Le haut fonctionnaire est déterminé et se dit prêt à aller «jusqu'à la Cour européenne» des droits de l'Homme. Des affectations de postes lui ont été «interdites», explique-t-il dans sa lettre, tout juste à cause de son nom. Citant dans ce sillage une première nomination comme consul général de France prévue à Anvers, refusée car son nom arabe «serait une erreur de casting au regard de l'importance de l'extrême-droite en Flandres» ou pourrait «être ressentie comme une provocation au regard de la communauté juive importante à Anvers». Selon lui, le Quai d'Orsay couvre tous ces faits en profitant de «la terrible omerta» à laquelle sont soumis les diplomates. Il dénonce également des humiliations de ses collègues, dont le premier conseiller de l'ambassade d'Andorre qui, selon lui, «aurait donné des ordres» afin qu'il ne soit pas traité à l'instar de son prédécesseur. L'ambassadeur assure que son cas «n'est pas unique» au Quai d'Orsay : «Je peux porter à votre connaissance d'autres cas de collègues qui ont saisi le défenseur des droits, étant discriminés, écartés en fonction de leur origine ou de leur appartenance politique». De plus en plus, le racisme affiché publiquement, parfois contre des ministres dont la couleur de la peau est restée africaine, est dénoncé tout autant publiquement par les Français d'origines étrangères et les étrangers vivant dans ce pays d'une façon générale. La montée de l'extrémisme d'une part, et l'indignation haute et forte des personnes ciblées du racisme d'autre part, n'augure rien de bon, et des déviations incontrôlées pèsent sérieusement sur la rue. La démission de M. Zair Kedadouche de son poste d'ambassadeur n'est pas pour dire qu'il rejoint ses origines ou qu'il abandonne sa nationalité, son but est d'organiser la bataille contre le racisme et prémunir la société française d'un éclatement fatal. De son côté, le Quai d'Orsay n'a pas manqué de réagir contre les propos de M. Kedadouche, les jugeant comme «accusations graves» portées à l'encontre du ministère et indiquant que ces accusations «n'ont aucun fondement et sont inacceptables». Non sans souligner que M. Zair Kedadouche a toujours bénéficié du plein soutien de l'administration dans la conduite de ses missions et que le ministère considère comme un atout et une force de pouvoir compter, notamment parmi ses cadres, des personnes issues de la diversité. À ce jour, précise encore le Quai d'Orsay, «le ministère des Affaires étrangères et du développement international n'a d'ailleurs fait l'objet d'aucune demande d'information de la part du défenseur des droits ni de la justice». La polémique est bien placée sur orbite «officielle».