Si des habitants en colère exigent la pose de ralentisseurs, d'autres dénoncent ces poses anarchiques. Cette mode prend de l'ampleur et aux quatre coins de la wilaya de Boumerdès, aucune commune n'en est épargnée. Parfois on est surpris, même dans les douars, les plus reculés, où un habitant, par un manque de civisme et de non respect des autres, se permet d'ériger une mini-dune, devant chez lui, pour se protéger (?). On dénombre plus d'un millier de ralentisseurs à travers la wilaya et rares sont ceux qui répondent aux normes. Ces ralentisseurs, différents les uns des autres, sont, parfois, en béton, en goudron, en tôle ou encore, tout simplement, en terre battue. En plus, c'est cette nuée de dos-d'âne, sur une distance très courte, qui soulève l'ire des conducteurs. Ainsi, au village agricole de Boudhar, suite à un accident dont la victime, une collégienne, pour apaiser la colère des habitants, la commune de Si Mustapha, s'est empressé d'ériger 8 obstacles sur 800 m. Ces dos d'âne', de plus de 20 cm de hauteur sont devenus la hantise de tous les automobilistes qui empruntent cet axe, surtout ceux propriétaires de véhicules dont la calendre est très basse. D'autres se trouvent surpris par l'existence de ces dos d'âne' qui ne sont, aucunement, signalés, notamment sur la RN 24 qui en plus, est plongée, le soir, dans le noir, entre Zemmouri et Si Mustapha. A Thenia, les élus ont innové en posant des dos d'âne' en tôle dure clouée à la chaussée. Sur la fameuse RN5, sous l'effet des poids lourds, certains dos d'âne' ont sauté, laissant apparaître les rivets qui causent d'énormes dégâts aux pneumatiques. Pour ne pas paraître ridicules, les autorités locales les ont remplacés par des ralentisseurs en caoutchouc, la veille de la visite du chef du gouvernement, Sellal, à Boumerdès. Plus à l'est, à Zemmouri, la ruelle menant vers le port de pêche, passant devant la résidence universitaire, qui en plus de son état déplorable, a bénéficié de quelques dos d'âne', pour en vérité mieux pourrir la vie aux usagers. Mais le phénomène trouve, toute son ampleur, sur le tronçon Cap Djinet-Dellys, car c'est surtout les transporteurs et les citoyens de cette partie de la route qui en pâtissent. Il faut plus de deux heures pour « carrosser » la vingtaine de kilomètres, tant le parcours est semé de dos d'âne'. Et pour reprendre la blague « entre un dos-d'âne et un dos d'âne, il y a un dos- d'âne », cet excès , a obligé les élus de l'APW à en débattre, lors d'une session, pour trouver une solution. Sur d'autres tronçons, des citoyens sans l'accord de l'APC, ont mis de grosses cordes à travers la chaussée, une technique qui porte un sacré coup aux amortisseurs et la suspension, selon des mécaniciens. La côte allant de Boudouaou El Bahri jusqu'à Affir, devrait être nettoyée de ces obstacles, considérés comme ralentisseurs. Une pose réfléchie et étudiée devrait être de mise, surtout que cet axe sera le plus utilisé, durant la saison estivale, donnant sur les 34 plages ouvertes à la baignade et ils seront des millions d'estivants à choisir Boumerdès, pour se détendre. Si les autorités locales voient, dans ce projet, une solution et un moyen de prévention contre les accidents de la route, les automobilistes, eux, déplorent l'anarchie qui règne dans l'installation de ces ralentisseurs, lesquels sont à l'origine de la congestion de la circulation et des embouteillages, enregistrés, notamment, aux heures de pointe et durant la saison estivale, entre Boumerdès sablière et El Kerma jusqu'à Sghirat «Que les responsables locaux réhabilitent d'abord le réseau routier avant de mettre en place ces ralentisseurs. On ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs», se lamente un hôtelier de la région. Le pire, dans ces cas, est que des opérations soient réalisées avec l'aval des élus communaux qui semblent ainsi, rendre service à leurs concitoyens. Pourtant, les textes de loi, réglementant l'implantation des ralentisseurs et les conditions de leur mise en place existent. Leur application sur le terrain reste, toutefois, soumise au bon-vouloir des responsables. Les automobilistes se plaignent des dégâts causés à leurs véhicules à cause du délabrement avancé des routes et des dos-d'âne qui poussent comme des champignons. Les autorités concernées ont, de leur côté, tenu à expliquer que la pose de dos-d'âne intervient dans le cadre de la prévention contre les drames routiers. Et pourtant l'arrêté interministériel du 10 juin 2007, signé entre le ministère de l'Intérieur et ceux des Travaux publics et des Transports, définit les modalités d'initiation, d'élaboration et d'adoption des études de localisation et d'implantation des ralentisseurs et stipule que toute demande doit être accompagnée d'un dossier constitué d'une demande, la désignation de la rue concernée, le nombre d'accidents enregistrés l'éventualité de l'existence d'un établissement public et le flux journalier. Ainsi, une commission technique est mise sur pied et présidé par le wali ou son représentant, des directeurs des Travaux publics, des Transports de l'Habitat et de l'Urbanisme, le représentant de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et du maire traitera le dossier.