La République islamique d'Iran condamne fermement le terrorisme, appelle les musulmans du monde à l'union et dénonce « l'ignorance » des salafistes. Les décideurs politico-religieux de la République islamique d'Iran ont décidé d'ajuster leurs discours aux exigences de paix réclamée par un monde où la violence se confond avec les appels des peuples à la démocratie et à plus de justice. Ils ont saisi la commémoration du 25ème anniversaire de la mort de l'Imam Khomeyni pour affirmer cet ajustement politique parce qu'ils comptent sur leurs invités venus d'une cinquantaine de pays pour le propager à travers le monde. «Nous comptons sur nos voisins et les pays amis pour nous aider à corriger l'image de la République islamique d'Iran», revendique le ministre iranien des Affaires étrangères face à une importante assistance venue l'écouter au siège de l'institution que préside Ayatollah Hachimi Rafsandjani. C'est d'ailleurs ce dernier qui avait donné avant lui, le ton pour marquer les grands principes de ce nouveau discours. Il confirmera d'ailleurs les propos politiques prononcés mardi dernier par son président, Ayatollah Hassan Ruhani. Le discours iranien est bien nouveau même si les Iraniens précisent qu'il a en été ainsi depuis l'instauration de la république islamique par l'Imam Khomeyni. Ce qui est sûr, c'est que les Algériens n'ont pas connu aux Iraniens une telle fermeté de ton et de verbe lorsqu'il s'agit de condamner le terrorisme. L'Algérie avait combattu pendant plus de 15 ans un extrémisme islamiste des plus meurtriers que le monde ait jamais connu sans qu'aucun « aâlama » (érudit) aussi connu soit-il n'en a dénoncé les horribles actes. Aujourd'hui, les temps semblent avoir changé pour tous. Nouvelle conjoncture, nouvelle politique, nouveaux enjeux géostratégiques. Simple comparaison entre l'Algérie et l'Iran, les deux pays se trouvent coincés, chacun pour ce qui le concerne, au centre d'une région dont les pays vivent des guerres infernales. L'Algérie partage de longues frontières avec la Libye, la Tunisie, le Mali, trois pays en feu. Pour le cas de l'Iran, il partage des frontières avec entre autres, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Irak où le terrorisme fait rage. Ceci en comptant avec la colonisation de l'Afghanistan par les GIS américains à la tête des forces de l'OTAN et ce, depuis de longues années. Ce qui a fortement déstabilisé la région. MUSULMANS DU MONDE, UNISSEZ-VOUS ! Ayatollah Rafsandjani avait, avant toute chose, rappelé l'essence de la pensée de Khomeyni, qui, a-t-il dit, «repose sur les préceptes d'un Islam authentique tel que dicté par le Coran et la Charia ». Encore une fois, ce recentrage de la pensée de Khomeyni n'est pas ancien. Les dirigeants iraniens ont voulu s'y conformer pour donner à leurs discours plus de consistance et de détermination. « Si les musulmans étaient une seule main, ils n'auraient jamais été confronté à qui que ce soit », est selon lui, la devise que l'Imam a toujours mise en avant pour convaincre les musulmans du monde à s'unir. Devise qui est rappelée à travers tout l'Iran par son inscription sous les portraits géants de Khomeyni. Ayatollah Rafsandjani a largement ponctué son discours par des références de la pensée Khomeyni. (Voir p. 5 du Quotidien d'Oran du 3 juin 2014.) «Les forces étrangères ont voulu qu'on occupe une terre arabe, ce que nous avons refusé catégoriquement(...)», a-t-il souligné en évoquant la guerre Iran-Irak qui a duré 8 longues années (1979-1987.) «CEUX QUI SE FONT EXPLOSER VONT EN ENFER !» Rafsandjani estime qu'aujourd'hui «les temps ont changé, il faut nous unir, qu'on travaille ensemble avec modération. Nous, les musulmans, constituons le un tiers du monde, c'est véritablement un poids qui pourrait peser sur le fonctionnement de l'ONU». L'ancien président iranien et l'ex-président du madjliss Echoura, interpelle ses invités «regardez ce que le monde musulman vit comme malheurs!». Rafsandjani dénonce les salafistes qu'il considère comme «phénomène nouveau chez les musulmans, ils se font exposer pour tuer des innocents, ce sont des ignorants, ils n'ont rien de musulman». Il est convaincu que «ceux qui se font exploser au nom de l'islam, vont en enfer». Il indiquera que «nous les musulmans, nous nous sommes aujourd'hui compris avec le gaspillage, le complexe de soi; on a laissé les mécréants occuper les esprits de nos jeunes. Regardez ce qui se passe en Syrie! Les groupes terroristes tuent chaque jour. En Afghanistan, les frères combattent le colonialisme depuis 40 ans mais il y a de profondes divergences religieuses entre eux, ils s'entretuent». Il revient aux salafistes pour les qualifier d'«extrémistes dangereux pour nos sociétés». Il dénoncera «l'oppression des peuples», «condamnera le terrorisme en Egypte, en Libye». Celui qui se dit bien connaître Khomeyni pour avoir vécu chez lui, veut mettre les choses à plat et affirmer que «l'Iran ne tue point, ne mène aucune guerre». Il dénoncera encore une fois «la désunion des musulmans, chiites et sunnites». Et s'interrogera: «est-ce que votre Coran est différent du notre ? Rafsandjani explique qu' «il n'y a pas de différences entre nous, le Coran nous recommande de nous unir autour de nos complémentarités qui sont innombrables contrairement à nos divergences qui sont légères et infimes». Il promet que «l'histoire ne reviendra pas en arrière; nous ne entretuerons plus, nous devons nous unir, nous ne devons pas abdiquer devant les complots de l'Occident qui veut nous séparer pour nous affaiblir davantage». Hier, journée fériée pour les Iraniens en raison de la commémoration de la mort de l'Imam Khomeyni. Ils étaient très nombreux à se déplacer à Behechte Zahra où il repose aux côtés de ses deux enfants Mustapha et Ahmed, «martyrs de la révolution islamique» nous disent les Iraniens. Groupes par groupes, de femmes et d'hommes, des familles entières constituaient de grandes processions tout au long du trajet menant au mausolée. Ils avaient écouté discourir Hassan Khomeyni, petit-fils de l'Imam et surtout Ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême de la Révolution. Ayatollah Khamenei, qualifié de pur et dur a, lui aussi condamné le terrorisme avec insistance et appelé à l'unité des musulmans.