Le ministre d'Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia a reçu, ce jeudi, El-Hachemi Sahnouni, l'un des fondateurs et dirigeants historiques du Front islamique du Salut (FIS) dissous, dans le cadre des consultations sur le projet de la révision de la Constitution. Sahnouni, invité en tant que «personnalité nationale» a déclaré, à l'issue de son entrevue avec l'ancien chef de gouvernement, préconiser la contribution de «tout le monde pour corriger les erreurs du passé» et éviter à l'Algérie de vivre les scénarios irakien, libyen ou encore syrien. El-Hachemi Sahnouni est la deuxième personnalité rencontrée par Ouyahia après Madani Mezrag l'ex-émir de l'Armée islamique du Salut (AIS) la semaine passée. Un rendez-vous tenu secret par la présidence mais révélé par le concerné lui-même qui a confirmé cette rencontre, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision El-Arabia. Sans dire en quelle qualité il a été reçu, Madani Mezrag évoque un nouveau Front dans le sillage de la nouvelle Constitution. «Notre décision de dialoguer avec le pouvoir est souveraine et vous allez voir que le Front qui sera créé après la Constitution ne sera pas le FIS d'aujourd'hui», dira-t-il encore. Le lien est vite fait sur un probable retour des anciens du FIS sur la scène politique non plus sous la bannière du parti dissous, mais sous une autre appellation. Une déclaration qui, rappelons-le, a fait le buzz et poussé le Premier ministre à réagir en déclarant officiellement exclure un quelconque retour de l'ex-FIS. Pourtant, les propos de Mezrag ou de Sahnouni sont loin de faire l'unanimité au sein même de la maison FIS. Mezrag n'a pas hésité à critiquer Abassi Madani et Ali Belhadj, coupables, selon lui, d'avoir raté plusieurs occasions de dialoguer avec le pouvoir pour trouver un consensus, porte ouverte au retour du parti de revenir sur la scène politique. Un retour qui sonne comme un leitmotiv dans la bouche également de Sahnouni qui a commenté sévèrement la lettre de l'ancien numéro un du FIS, Abassi Madani, qui avait appelé, avant la présidentielle d'avril, à une phase de transition et au boycott du scrutin. El-Hachemi Sahnouni a déclaré alors que le message de Madani n'engage que lui, et que, par conséquent, il ne représente que sa personne. Lui aussi fait du retour du FIS sur la scène politique une priorité qui passe nécessairement par une amnistie générale qui puisse réhabiliter le parti dans «son droit d'exercer ses activités politiques, conformément, précise-t-il, aux lois et à la Constitution du pays». Même si les anciens du FIS ne se sont pas encore prononcés sur le niet catégorique de Sellal à propos de leurs exigences, Sahnouni avait vertement répliqué dans un premier temps à Amara Benyounès qui avait affirmé que le FIS ne reviendra jamais sur la scène politique. Ouyahia qui a convié les visages de l'ex-parti en tant que «personnalités nationales», a essuyé le refus d'un autre historique du FIS, Abdelkader Boukhamkham, qui a décliné l'invitation à El-Mouradia. Dans une lettre adressée au ministre d'Etat, Boukhamkham s'étonne de se voir invité sous une autre étiquette que celle de «dirigeant et membre fondateur du Front islamique du Salut». Une précaution prise par la présidence pour ne pas cautionner officiellement le retour du FIS sur la scène nationale. Dans ses explications épistolaires, Boukhamkham dit également sa surprise en recevant le carton d'invitation alors qu'il est toujours interdit d'exercer ses droits civiques et politiques et sous contrôle judiciaire à cause de sa participation à la marche pour Gaza en janvier 2009. Par ailleurs, et toujours dans le cadre de ces consultations, Ahmed Ouyahia a aussi rencontré le président du Parti républicain progressiste (PRP), Idriss Khoudir, la présidente du Mouvement de la Jeunesse démocratique (MJD), Chalabia Mahdjoubi, et le président du Mouvement national pour la Nature et le Développement (MNND), Abderrahmane Akif. Les mandats présidentiels, l'attribution des postes de responsabilité ou encore la création d'un Conseil présidentiel ont constitué les plus importantes propositions de ce jeudi.