La victoire avant-hier de l'équipe nationale d'Algérie en Coupe du monde contre la Corée du Sud et les scènes de liesse qui s'en sont suivies en France dérange l'extrême droite. Cela a été une nouvelle occasion pour le mouvement de Marine Le Pen d'étaler l'étendue de toute sa haine contre la communauté maghrébine de France. Fidèle à sa stratégie de diabolisation contre tout ce qui est algérien, arabe ou musulman, l'extrême droite, à travers ses divers réseaux, a colporté, ce dimanche, les rumeurs les plus folles sur de prétendus débordements de supporters de l'équipe nationale algérienne. La plus abjecte de ces rumeurs étant certainement celle accusant des supporters des Fennecs d'avoir brûlé une église dans le quartier de la Duchère à Lyon. La fausse rumeur a été d'abord diffusée sur Twitter avant d'être relayée notamment par le Bloc Identitaire et des sites proches de l'extrême droite. Mais, finalement, après vérification, il s'avère qu'aucune église n'a brûlé ce dimanche à Lyon, ni ailleurs. Toutefois, une église a bien été incendiée à la Duchère mais en 2006 et sans aucun rapport avec un quelconque match de l'équipe d'Algérie. Voilà donc le type de procédés qu'utilisent les partisans de l'extrême droite pour attiser les sentiments de haine et de repli sur soi dans la société française. L'objectif d'une telle entreprise de désinformation est évident : utiliser un événement qui passionne comme la Coupe du monde pour frapper le maximum d'esprits et susciter chez l'opinion un sentiment d'indignation envers une partie de la population française qu'on ne cesse de présenter comme une « communauté qui refuse l'intégration et qui menace la sécurité et les valeurs de la France. » Et c'est bien connu chez les théoriciens de la manipulation des masses, peu importe s'il s'avère plus tard qu'il s'agissait de purs mensonges, les esprits sont marqués et l'instinct aura pris quand même le dessus sur la raison. Et c'est comme cela que les lignes bougent dans la société française. Que l'extrême droite avance chaque jour un peu plus dans les sondages. En banalisant le discours raciste ! En réponse à cette fausse rumeur de l'église brûlée, les services de police du Rhône ont confirmé au journal français l'Express son caractère mensonger, en admettant toutefois l'existence d'incidents survenus dans l'agglomération lyonnaise. Autre intox diffusée sur Twitter: «de nombreux incidents», «violents», auraient éclaté au sein de la capitale à Barbès et aux Champs-Elysées. En réalité rien de tout cela. Seulement des scènes de liesse de supporters au rythme des «one, two, three, viva l'Algérie». Et c'est confirmé par la préfecture de Paris, citée par l'Express : il n'y a «pas eu d'accidents ou d'incidents particuliers à déplorer» même si elle fait état de 7 interpellations en lien avec ces rassemblements à Paris et une quinzaine dans l'agglomération, pour des vols ou des outrages à agents. Allant dans le détail, la police parisienne à Barbès fait état de quelque 900 supporters qui ont célébré la victoire des Fennecs dans une «ambiance festive», « sans d'incidents ». Sur les Champs-Elysées: des centaines de supporters et groupes qui ont perturbé la circulation. Pas d'événements particuliers là non plus. Autour de Paris, la préfecture a recensé quelques feux de poubelles et des policiers pris à partie, « sans qu'il n'y ait eu d'incidents particuliers là aussi ». A noter que depuis plusieurs jours déjà, avant même le match Algérie-Belgique, les milieux de la droite « dure » et d'extrême droite surtout ont brandi l'épouvantail des supporters de l'Algérie en France à l'occasion de cette Coupe du monde. Nombreux étaient les militants à promettre, voire souhaiter de leurs vœux des troubles. Finalement, il ne s'est rien produit de notable. Difficile d'accepter d'être pris à défaut. « Alors ils ont tout simplement maquillé la réalité », affirme dans son édition du 19 juin dernier le journal le Monde qui a été le premier journal français à avoir levé le voile sur les contours de la supercherie. Premier exemple : un tweet publié par Franck Guiot, très lié aux cercles de l'UNI (Union nationale interuniversitaire, mouvement étudiant de droite, proche de l'UMP, mais aux positions plus radicales), et très relayé : un immeuble couvert de drapeaux algériens, donc. Mais, dans sa précipitation, M. Guiot a omis un détail : sur la photo, on aperçoit un nom, « Cesar Cherchell ». Il suffit en réalité de chercher l'image pour comprendre qu'elle ne vient absolument pas de Barbès à Paris, mais... d'Algérie. L'image, bien que débusquée et dénoncée par de nombreux internautes comme fausse, a continué de prospérer, diffusée à nouveau par des militants de même obédience.