A défaut d'agir, il est vital, pour le reste du monde, de dénoncer et de se révolter, contre l'agression meurtrière d'Israël, menée contre les populations civiles de Ghaza, en Palestine occupée. Il y a comme une lassitude à vouloir expliquer, depuis près 70 ans, la particularité de la question palestinienne comme cause de laquelle dépend la paix entre Orient et Occident et partant celle du reste du monde. Le conflit israélo-palestinien est le résultat de la très longue histoire mouvementée, entre Orient et Occident, commencée bien avant l'avènement de l'Islam, violentée depuis la fin du 11ème siècle et la première croisade, usurpée avec les accords de Sykes-Picot de 1916, trahie par le reste de la communauté internationale, depuis la fin de la 2ème Guerre mondiale et utilisée, aujourd'hui, par les extrémistes, de tout bord, pour qui la paix est impossible entre l'Occident dit judéo-chrétien et l'Orient musulman. La question palestinienne renferme tout ce passif historique de l'Humanité et c'est d'elle que dépendra la solution des restes de conflits actuels, dans la région et des tensions communautaires et religieuses qui habitent l'Europe et l'Occident, d'une manière générale. C'est en cela que la question palestinienne nous concerne tous : Arabes, Européens, Américains, musulmans, chrétiens, juifs Moins de 10.000 morts dans le conflit israélo-palestinien, ces dernières 20 années et moins de 100.000 morts depuis 1948 et la création de l'Etat hébreux et pourtant l'indignation et la révolte gagnent, à juste titre, le monde, à chaque escalade de la violence, dans la région. C'est que chaque nouvel épisode de violence meurtrière, en Palestine, réveille dans les inconscients collectifs des peuples et la mémoire du monde, cet héritage de l'histoire controversée de l'Humanité, né en Palestine voilà plus de 20 siècles. Du coup, la question palestinienne est prise dans le piège d'un conflit historique entre musulmans et juifs et non plus comme une problématique de colonisation d'un pays par un autre. Les pays arabes-musulmans voisins dont les frontières ont été fixées par ces fameux accords franco- anglais (Sykes-Picot) de 1916, sont préoccupés, plus, par la protection de leurs frontières que par le sort de la Palestine. Faut-il rappeler « Septembre noir », lorsque le roi de Jordanie, Hussein, ordonna le massacre des Palestiniens, réfugiés chez lui ? Faut-il rappeler les traités de paix signés entre Israël et l'Egypte (1979) et avec la Jordanie (1994), aux fins de garantir leurs frontières communes, quitte à brader la Palestine? Faut-il rappeler le martyr des Palestiniens au Liban, à Sabra et Chatila, en 1982 ? Ailleurs en Europe, combien de fois les dirigeants occidentaux n'ont-ils pas dénoncé « l'importation » du conflit israélo-palestinien chez eux et ses conséquences dans le vivre-ensemble des sociétés multiculturelles et multiconfessionnelles occidentales ? Souvenons-nous du discours du Premier ministre britannique Tony Blair, devant l'Assemblée générale de l'Onu, en 2003, lorsqu'il déclarait que la lutte contre le terrorisme islamiste international, comme la paix au Proche et Moyen-Orient, dépendent du règlement de la question palestinienne et de la création d'un Etat palestinien. L'ex-Premier ministre britannique ne nous apprenait rien. Il rappelait une évidence. C'est pourquoi il est nécessaire et vital, pour tous les hommes épris de liberté et de justice de se révolter sur ce qui se passe à Ghaza et en Cisjordanie, aujourd'hui. Appeler (à défaut d'agir) à la paix entre Palestiniens et Israéliens, en forçant le colonisateur israélien à accepter (et aider) à la création d'un Etat palestinien, dans ses frontières de 1967 et de partager une souveraineté commune sur Jérusalem, c'est aussi appeler à la paix dans le reste du monde. C'est aussi enlever aux extrémistes religieux et politiques leurs arguments de l'inévitable affrontement des religions et civilisations. Se taire face au drame palestinien, c'est laisser le terrain aux tenants de la violence et de la guerre et donner raison aux animateurs des haines racistes et interreligieuses.