Parce que l'homme est un loup pour l'homme, que dire pour hurler sa douleur face à un monde qui ne peut renaître que par la mort d'un autre monde ? « Face à un monde dangereux à vivre, la faute n'est pas tant à eux qui font du mal, mais à ceux qui regardent et laissent faire » disait déjà Albert Einstein. Encore heureux que le commun des Algériens n'est pas assez savant pour résonner de travers. Ni assez philosophe pour apprendre à mourir avec un (sou) rire jaune en pendentif. A rebours de cette vérité toute simple, il y a ceux, haut juchés sur les balcons inexpugnables. Les yeux clos et les oreilles bouchées, ils sont chargés de gérer le quotidien en noir et blanc de l'Algérien lambda. Dans leur génie (trans) humain, ils continuent de tirer des plans sur la comète en finissant toujours par poser un cautère sur une jambe de bois. Plusieurs étages plus bas, chez l'arrière-peuple profond, l'on est toujours au point zéphirus, à s'interroger si un Algérien de Z'dama ou d'Oum Theboul n'est pas simplement un homme qui ne veut plus regarder nulle part, y compris dans son propre miroir «brisé». S'il faut se sustenter pour remplir son «vicariat» sur terre ou simplement entrer par un bout pour en sortir édenté par l'autre. S'il faut travailler ou aller au travail. S'il faut s'instruire ou se rendre simplement à l'école du coin... de la rue. S'il faut respecter la loi ou la contourner par derrière son bon dos. Sous nos latitudes ennuagées, l'exploit (sur) humain est encore à trouver le moyen de ne pas perdre la face... face à une poche (dé) vidée et un moral à plat. A part les fumeux «projets du siècle» que sont l'autoroute reliant le pays par ses deux bouts, le métro d'Alger et d'Oran, meilleurs, parait-il, que ceux du Nouveau Monde, ou encore la Grande Mosquée d'Alger, l'Algérien de l'arrière-pays profond continue à lire dans la paume de sa main pour prédire la couleur des lendemains qui donnent la pétoche. Pour se prémunir contre la douleur des gifles cinglantes assénées par la crise économique à beaucoup d'autres peuples, pourtant travailleurs, sous nos latitudes particulières on a décidé de distribuer des sous à qui en veux-tu, en voilà. Pour faire face aux coups de boutoir de la vie, l'Algérien de la rue a décidé de travailler encore moins qu'il a la douillette habitude de le faire pour compenser sa force... de travail, perdue faute de pain frais. Aussi vrai que toujours tirer la couverture vers soi revient à arracher un morceau de peau à un scalpeur ensommeillé...