Trois foyers de fièvre aphteuse ont été enregistrés, selon la Direction des services de l'agriculture (DSA), dans la wilaya de Boumerdès qui restait jusque-là épargnée par cette maladie animale hautement contagieuse selon les services vétérinaires. Ces premiers foyers localisés au niveau des localités de Chabet El Ameur (sud-est de la wilaya), Hammadi (ouest) et Taourga (nord-est), restent très sérieux du fait de leur répartition, le premier aux portes de Bouira, le second aux portes d'Alger et Blida, puis enfin la localité de Taourga frontalière avec Tizi Ouzou où une dizaine de cas viennent d'être enregistrés en cette fin de semaine. Urgemment, les autorités de la wilaya et sur arrêté du wali, ont procédé à la fermeture temporaire des trois principaux marchés à bestiaux, celui des Issers, de Boudouaou-Kherouba et celui de Baghlia frontalier avec la wilaya de Tizi Ouzou. De leur côté, les services de l'agriculture ont aussitôt déclenché une batterie de mesures préventives pour éviter la pandémie et d'urgence isolant tout cas suspect et procéder à l'abattage de l'animal si le cas s'avère positif. Autre consigne reçue par les éleveurs : éviter les déplacements de bovins et ovins et caprins au niveau des abattoirs. La précaution reste de mise et la présence de deux vétérinaires au niveau de l'abattoir de Thenia, l'un des plus importants de la région, démontre le taux de vigilance et l'application stricte des consignes, selon les Dr Hamdani et Goumeziane, en précisant que le même dispositif est observé au niveau des autres abattoirs à Bordj Menaiel, Dellys, Kemis El Khechna, Issers et Baghlia où chaque animal sera pris en charge par les vétérinaires sur place, surtout durant cette période de grande demande de viande bovine pour les fêtes familiales, dira Mohamed Yamani, propriétaire de l'abattoir de Thenia. L'opération de vaccination lancée dès l'apparition de cas en Tunisie en mai dernier, a touché plus de 1000 têtes pour la seule daïra de Thenia qui compte quatre communes à vocation agricole sur l'ensemble de la wilaya. A travers ses 32 communes, la même opération a été déclenchée pour contrer la pandémie. Nous apprenons également la constitution de cellules de veille et de surveillance avec des permanences à travers les 09 daïras de Boumerdès. Très alertes, ces dernières établissent, ajoute notre source, des bilans quotidiens de la situation qui sont transmis à la tutelle (Direction agricole et Ministère). A Béni Amrane, non loin de la RN5, chez Ammi Mokrane important éleveur de la région, l'inquiétude est grande, lui qui a eu affaire à plusieurs autres épidémies décimant au passage une centaine de têtes de son cheptel. Cet éleveur pense que la situation est sérieuse « nous devons faire très attention, c'est l'affaire de tous, on doit nous associer dans cette campagne » et d'ajouter « la fièvre avance très vite, on m'a appelé de Tizi pour nous alerter car nous avons l'habitude avec d'autres éleveurs et maquignons de nous rencontrer aux quatre coins du pays, cette fois nous avons vraiment peur pour notre cheptel surtout si vous avez des vaches laitières » conclut-il. Ce que craignent les éleveurs et ceci malgré les assurances du ministre de l'Agriculture, c'est la décimation de leur cheptel, déjà confronté depuis des lustres au prix de l'aliment en hausse et à d'autres charges. A travers les directions et subdivisions de l'agriculture qui ont assuré les campagnes de vaccination antirabique mais surtout anti-aphteuse, on sensibilise les éleveurs. Le docteur Goumeziane qui s'apprête à rejoindre une brigade de veille, relève que « les symptômes de cette maladie virale se manifestent par une fièvre avoisinant les 41° et des aphtes au niveau de la bouche engendrant une hyperthermie provoquant des lésions nasales, la contamination se fait par voie respiratoire au moment où les animaux se trouvent confinés dans étables étroites. Pour la situation au niveau de Boumerdès, un dispositif sanitaire très important est opérationnel depuis des mois. Chez les collecteurs de lait c'est le 'rouge'' car la maladie entraîne une baisse appréciable de production comme elle peut entraîner la disparition de l'animal atteint, ce qui peut se répercuter sur la collecte ainsi que des pertes financières énormes pour ceux investissant dans le secteur de la collecte ». Enfin, un petit tour chez les bouchers nous permet de constater qu'aucune hausse n'a été affichée. Au niveau des abattoirs, on nous rassure que la maladie n'a aucun impact sur la santé du consommateur, car la viande de l'animal abattu reste comestible. Enfin, signalons qu'au niveau des services de l'agriculture, nos tentatives d'avoir plus d'informations sont restées vaines.