Le virus de la fièvre aphteuse, maladie dévastatrice affectant les animaux de rente, se propage de manière inquiétante actuellement en Algérie. Malgré les efforts des pays frontaliers pour éviter l'introduction de la maladie sur leur territoire, " la pression est montée d'un cran " : fin juillet des cas ont été décelés dans certaines zones rurales d'Algérie, notamment à forte concentration de bovins à l'engrais, où plusieurs marchés aux bestiaux ont été fermés et où des protocoles de quarantaine, de vaccination et d'interdiction de transport ont été mis en place. Mais la maladie semble gagner du terrain à travers le territoire, on parle des villes d'Alger, de Constantine... " Même si ce virus est sans danger pour l'homme, les échanges importants avec l'Europe en particulier pendant ces périodes de vacances d'été font peser une véritable menace sur les élevages bovins, ovins, caprins et porcins de notre pays et tout particulièrement de notre région ", prévient le vétérinaire Hadjer Amaouche. L'Algérie n'avait pas connu pareille épidémie depuis longtemps. La fièvre aphteuse, maladie hautement contagieuse, se propage à une grande vitesse. Le nombre de foyers contaminés détectés est sur une croissance à deux chiffres. Elle est apparue dans notre pays suite à l'introduction frauduleuse de bovins à partir de Tunisie où cette maladie a été signalée à la fin du mois d'avril dernier. Devant l'irresponsabilité et l'inconscience de certains éleveurs qui se sont appropriés des cheptels à des prix bas, la situation s'est dégradée, et plusieurs wilayas sont atteintes. Chose qui nous a été confirmée par le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Boughalem Karim. Les choses risquent d'empirer à l'approche de l'Aïd. A deux mois de la fête rituelle de l'Aïd El Kébir, l'Algérie fait face à la fièvre aphteuse. N'affectant pour le moment que les bovins, cette maladie "a touché en l'espace de deux semaines, 16 wilayas du pays", selon le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Karim Boughalem. L'Algérie n'a pas connu cette maladie depuis 1999 grâce à des campagnes de vaccination régulières. La fièvre aphteuse qui touche déjà 20 wilayas du pays, est l'une des plus dangereuses épidémies qui affecte les bovins, vu la vitesse de sa propagation. Selon le contrôleur général des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Bouhbal Abdelmalek, s'exprimant sur cette maladie, "la fièvre aphteuse est l'une des plus dangereuses maladies touchant les bovins, car elle est classée dans la première catégorie par l'Organisation mondiale de la santé animale, vu la rapidité de sa propagation et son impact négatif sur les économies des pays. La maladie décime le cheptel et les vaches affectées souffrent de faiblesse, et d'une diminution de leur production laitière. La maladie se propage de 3 à 10 km du foyer et toute la zone du périmètre du foyer est touchée quelques heures après". Dès que le diagnostic est arrêté, "le vétérinaire doit interdire l'entrée ou la sortie des bovins de la ferme, les cas concernés font l'objet d'un abattage sanitaire, il ordonne également de procéder à une opération d'assainissement et de vaccination dans les fermes proches du foyer de la maladie et lève des échantillons pour analyse et interdit enfin les déplacements des troupeaux", a-t-il précisé. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, avait effectué une visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Béjaïa pour inspecter le dispositif mis en œuvre dans le cadre de la lutte contre la fièvre aphteuse, une épidémie animale qui fait ravage dans le pays. Dès son arrivée à la ville des Hammadites, le membre du gouvernement a réuni les vétérinaires et autres cadres de son secteur afin de leur faire part de la situation qui prévaut dans la région, notamment en matière des mesures prises en vue de juguler cette maladie grave affectant le bétail. Abdelouahab Nouri avait assuré que la fièvre aphteuse, qui a touché à ce jour 16 wilayas du pays, est en phase d'être maîtrisée. " Nous sommes en voie de maîtriser cette maladie grâce aux mesures préventives prises dans le but d'empêcher sa propagation, ainsi qu'au concours des éleveurs et maquignons dans la mise en œuvre des instructions émises dans ce sens par les vétérinaires ", a-t-il déclaré. Selon le compte-rendu présenté par le directeur des services agricoles (DSA) de Béjaïa, Bouaziz Noui, plus de 200 cas ont déjà été recensés à travers les quatre coins de la wilaya, où quelque 195 têtes bovines, 1 ovine et 6 caprines ont été décimées. L'orateur a tenu à préciser que Béjaïa a déjà bénéficié d'un quota de vaccin estimé à quelque 3000 doses, alors que les éleveurs bovins de la wilaya font état d'un manque flagrant de vaccin contre la fièvre aphteuse. M. Noui a également rappelé qu'en plus de la campagne de vaccination qui, selon lui, bat son plein à travers tout le territoire de la wilaya, le wali de Béjaïa a pris la décision de procéder à la fermeture provisoire de l'ensemble de marchés à bestiaux de la région afin de cesser le déplacement du cheptel, que ce soit à l'intérieur ou vers l'extérieur de la wilaya. Cette mesure préventive vise à éviter la contamination du bétail sain par les têtes affectées par cette maladie ravageuse. Quant aux personnes désirant transporter leurs cheptels vers un abattoir, ces derniers sont tenus de présenter un laissez-passer dûment établi par l'Inspection vétérinaire de la wilaya. M. Nouri a aussi mis en garde contre le grand risque encouru par l'économie nationale à cause de cette maladie contagieuse, dont la " propagation est très facile ", signalant la découverte, à ce jour, de foyers de contamination au niveau de 16 wilayas. Les plus touchées étant Sétif, Bouira, Béjaïa, Tizi-Ouzou et Bordj Bou Arreridj.