Le gouvernement algérien compte créer une académie religieuse dont le but avéré est de mettre un terme à l'anarchie qui règne dans le pays en matière d'interprétation de la religion musulmane. Il faut reconnaître que, ces dernières années, des religieux multiplient des fatwas très souvent farfelues, ce qui constitue un réel danger sur la société puisque ces «muftis» autoproclamés trouvent un libre champ d'expression dans certaines télévisions privées. Certains d'entre eux sont mêmes devenus une risée, ce qui affecte la religion et l'acte de piété. La fatwa «ne doit pas être limitée à une personnalité indépendante qui émet des fatwas et impose son avis religieux aux Algériens», a réagi le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, précisant, dans un entretien accordé à l'APS, que des «modifications» seront soumises à la présidence de la République concernant cette proposition pour créer «une académie qui regroupera des représentants des conseils scientifiques de wilayas et qui sera élargie aux experts et spécialistes dans différents domaines dont des astronomes, des psychologues et des sociologues». L'académie aura pour mission d'«examiner ces questions afin de dégager un avis religieux unifié qui sera annoncé par le président de l'académie ou le mufti de la République», selon le ministre qui ajoute que la désignation de celui qui annoncera cet avis religieux unifié revient à la présidence de la République qui sera destinataire des modifications liées à la proposition du mufti de la République. Il faut savoir que la quasi-totalité des pays musulmans, notamment en Arabie Saoudite, l'Egypte, la Syrie, le Liban, la Tunisie, disposent de leurs propres muftis et interviennent pour trancher sur des questions qui concernent globalement la vie des citoyens. C'est une sorte de haute autorité religieuse qui est consultée pour connaître la position exacte à adopter sur des questions d'ordre culturel, juridique ou politique afin d'être en conformité avec la religion musulmane. Sur un autre chapitre, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs Mohamed Aïssa a affirmé que l'Algérie assurait une formation spécialisée d'imams au profit de ses jeunes et des jeunes des pays du Sahel «loin de tout tapage médiatique». Le département «ne se contente pas seulement d'organiser des stages de deux à trois semaines comme c'est le cas dans certains pays», dira le ministre qui souligne que la formation se faisait sur la base du niveau scientifique du candidat et de sa capacité à réciter le Coran, rappelant que l'Algérie recevait des demandes de formation d'imams de plusieurs pays dont la Turquie et la Malaisie. L'ETAT GARANT DES MINORITES RELIGIEUSES « Le danger de la pratique d'un culte non musulman en Algérie ne réside pas dans la religion elle-même, mais plutôt dans le prolongement pouvant atteindre des institutions d'influence étrangères qui peuvent interférer pour créer des minorités en Algérie », a dit M. Mohamed Aïssa. Ce dernier affirme que la mosquée a un grand rôle à jouer face à cette situation. Le ministre qui évoque des « pratiques visant à créer des minorités religieuses pour les non-musulmans en Algérie», a annoncé que son département a demandé au gouvernement de revoir le décret relatif à l'organisation de l'activité de la mosquée et lui permettre de transmettre son message religieux et socioculturel. «Après concrétisation de ces démarches sur le terrain, tous les mouvements qui veulent activer en Algérie comprendront que le discours religieux est celui de l'Etat qui reflète la position de tous les Algériens », note encore le ministre qui rappelle la loi régissant la pratique des cultes non musulmans en Algérie et qui garantit, a-t-il dit, «le droit de la pratique des rites religieux». Cette loi «permet aux non-musulmans de pratiquer leurs religions dans les lieux de culte autorisés et n'autorise pas sa pratique en dehors de ce cadre », a conclu le responsable. Enfin, pour ce qui est des fonds accordés dans le cadre de la Zakat et octroyés aux Algériens à travers des crédits pour concrétiser des projets et créer de l'emploi, Mohamed Aïssa a indiqué que l'instance nationale de la Zakat sera prochainement convoquée pour engager une réflexion en vue de trouver une nouvelle formule du crédit bonifié. «Suite à la recommandation du Conseil national scientifique, selon laquelle le crédit bonifié n'a pas atteint son objectif du fait du faible taux de rentabilisation des crédits accordés qui ne dépasse pas les 10%, il est nécessaire de convoquer l'instance nationale de la Zakat composée des commissions de wilaya du fonds de la Zakat afin d'engager une réflexion visant à trouver une nouvelle formule pour investir les fonds du crédit bonifié» a déclaré le ministre qui avoue que le crédit bonifié «ne réalise pas la justice requise». «On accorde à une famille une somme de 5.000 DA pour la consommation tandis qu'on accorde à une autre 500.000 DA pour l'investissement mais qui finissent par être consommés », dira le ministre.