A deux semaines de la rentrée scolaire et universitaire, le marché des fournitures scolaires bat son plein avec, comme à l'accoutumée, l'abondance de produits de piètre qualité qui attirent par leur bas prix. Pire encore, ces produits de par leur composition contiennent des matières nocives et même cancérigènes. La sonnette d'alarme est déclenchée par les services sanitaires de prévention de la wilaya d'Oran pour sensibiliser aussi bien les parents sur la dangerosité de ces articles « bon marché » que les services du contrôle de la qualité qui doivent plancher sur ce phénomène pouvant avoir des répercussions sur la santé des élèves. A ce titre, on apprend que ces derniers ont mobilisé 10 brigades, actuellement à pied d'œuvre, pour retirer du marché toutes ces marchandises non conformes, comme cela a été le cas dans plusieurs pays où cette gamme n'est plus commercialisée. Selon les mêmes services sanitaires, ces fournitures sont fabriquées à base de substances colorantes ou odorantes pouvant provoquer le cancer, comme c'est le cas notamment pour des articles destinés aux élèves du préscolaire notamment les pâtes à modeler et des crayons de couleur produits à partir de matières recyclées, particulièrement le plastique. Les producteurs, qui excellent dans la contrefaçon et le design pour écouler ce qui est appelé désormais les OVNI (objets vendus non identifiés), sont basés notamment en Asie du Sud-Est et qui, en plus de leurs prix imbattables, ont rapproché leurs comptoirs en venant s'installer dans certains pays du Golfe, permettant ainsi à des importateurs maghrébins de réduire leurs frais de transport. Mercredi dernier, le marché hebdomadaire de Maraval a littéralement changé avec la conversion de nombreux marchands ambulants dans le commerce de l'article scolaire. Ils proposent tous les produits demandés et la demande est très perceptible de la part de parents, notamment ceux qui ont plusieurs enfants scolarisés, qui veulent profiter de cette aubaine. De leur côté, certains commerçants spécialisés dans l'article scolaire affirment que les produits conformes aux normes requises sont chers et rares sont les parents qui les demandent et, de par leur activité légale, ces détaillants sont pris à la gorge car, d'une part, ils évitent de commercialiser les produits dangereux et, de l'autre, ils font l'objet d'une concurrence déloyale de la part des informels et par conséquent subissent d'importantes pertes financières. Pourtant, une liste de produits interdits à l'importation a été établie, abstraction ceux qui ont été autorisés légalement par les laboratoires de contrôle de la qualité aussi bien nationaux qu'étrangers, apprend-on auprès d'un commerçant, et surtout les gommes, les effaceurs, les crayons de couleur et les pâtes à modeler et même les protège-cahiers. A ce titre, il faut rappeler que cette autorisation est validée par une commission siégeant au niveau du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l'emballage (CACQE). Quant aux peu nombreux producteurs nationaux de fournitures scolaires qui ont créé l'Association des fabricants d'articles scolaires (AFAS) afin de mieux défendre leur métier, l'introduction frauduleuse de produits de basse gamme demeure l'une des causes de la mise à mort de la filière. Pourtant, ils estiment avoir tiré la sonnette d'alarme sur ce phénomène aux effets secondaires incommensurables touchant aussi bien l'économie nationale que la santé des élèves. Il y a quelques années et preuves matérielles à l'appui, ils ont prouvé qu'en plus de la piètre qualité des produits en raison du non-respect des normes de production, certains d'entre eux constituent un risque réel pour la santé de millions d'élèves. C'est l'exemple du protège-cahier chinois qui, en plus de sa fragilité, contient, et ce selon des analyses physico-chimiques effectuées à titre comparatif entre un échantillon produit localement et un autre importé, une importante quantité de plomb. C'est ainsi que ces analyses effectuées par le Centre de recherche scientifique et technique en analyses physico-chimiques (CRAPC), en décembre dernier, ont conclu qu'au moment où la teneur en plomb relevée sur l'échantillon présenté par un fabricant local, basé à Batna, à partir de PVC produit par l'ENIP, est inférieure à 1 ppm (partie par million) de teneur en plomb, celle contenue dans le spécimen importé de Chine est estimée à 43 ppm. Sachant que le plomb est une matière toxique cancérigène, ce protège-cahier peut, par conséquent, affecter la santé de son utilisateur de maladie comme la leucémie qui peut se manifester au bout de 4 ans. En 2004, de la colle d'écolier importée de Chine présentée dans des flacons sous forme de biberons a causé plusieurs cas d'intoxication, notamment dans le préscolaire.