Le verdict du procès en diffamation, dans le cadre de l'affaire des «magistrats faussaires», opposant Benyoucef Mellouk, le révélateur de l'affaire en 1992, à Mohamed Djeghaba (ancien ministre des Moudjahidine) et Mohamed-Salah Mohammedi (ancien ministre de l'Intérieur), attendra le 4 janvier 2015, si le dossier n'est pas, encore une fois, reporté. Prévu, hier, à la Cour d'Alger, les plaidoiries n'ont pas eu lieu. Le président de la séance a pris dix secondes à peine pour appeler les concernés, Benyoucef Mellouk, accusé de diffamation par Mohamed Djeghaba (également présent) et annoncer, publiquement, le report de cette affaire, au 28 décembre 2014. Plus tard, dans la journée, il s'est avéré que même cette date a été modifiée. Le dossier est donc inscrit au 4 janvier 2015. C'est Me Mokrane Aït Larbi, avocat de Benyoucef Mellouk (depuis 22 ans) qui a découvert ce changement de date. Vingt-deux ans après sa révélation, à l'époque du défunt Mohamed Boudiaf (alors président du HCE), sur les colonnes de l''Hebdo Libéré', de feu Abderrahmane Mahmoudi, que cette affaire ne cesse de défrayer la chronique, sans pour autant trouver son épilogue. Comme lors de la précédente séance, Benyoucef Mellouk, était arrivé avec plusieurs dizaines de dossiers, parmi les 520 qu'il détient sur des magistrats faux moudjahidine, et une liste complète de l'ensemble des concernés. Cet ancien fonctionnaire du ministère de la Justice, qui a révélé l'affaire en 1992, dans le cadre d'une mission qui lui a été, officiellement, attribuée pour mener cette enquête sur de fausses déclarations de participation à la guerre de Libération nationale, ne cesse de réclamer que la Justice se penche sur les dossiers qu'il a en sa possession. La Justice, qui l'a condamné à deux reprises, la première fois, il y a plus d'une décennie, à une peine avec sursis, et une seconde fois, il y a quelques années, avec une peine privative, dans le cadre de la plainte déposée par MM. Djeghaba et Mohammedi, n'a jamais réclamé les dossiers que Mellouk détient sur les magistrats faussaires. Mieux, lors du premier jugement, en compagnie du journaliste Abderrahmane Mahmoudi, directeur de la publication de l''Hebdo Libéré', le procureur avait accusé Mellouk de «divulgation de secret » et «vol de documents confidentiels ». En clair, la justice reconnaît que Mellouk a mis à jour des faits graves, se rapportant à de fausses déclarations de participation à la guerre de Libération nationale, émanant de magistrats, dont certains siégeaient, à l'époque, à la Cour Suprême. Mais jamais aucun des noms cités, parmi les 520 concernés, n'a été inquiété par la justice. Selon Mellouk, dans le cadre de la plainte déposée par Djeghaba et Mohammedi, «le nom de ce dernier a été camouflé». «Le nom de Mohamed Salah Mohammedi n'apparaît pas parce que sa sœur préside la Cour Suprême», nous a expliqué M. Mellouk. Pour rappel, ce n'est pas l'ancien ministre de l'Intérieur qui est cité dans l'affaire des magistrats faussaires, mais son père, «qui était fonctionnaire de la justice française», explique encore M. Mellouk, documents à l'appui. Dans la liste des magistrats faussaires que détient Benyoucef Mellouk figurent, également, le frère de Ali Kafi (ancien président du HCE, après l'assassinat de Boudiaf), et «même des gens de la famille Bouteflika. Il s'agit, en l'occurrence de son cousin, Baghdadi, un faux moudjahid », affirme M. Mellouk. Hier, à l'annonce du énième report de l'affaire, Benyoucef Mellouk n'a pas mâché ses mots. Il a réclamé, portant des dizaines de documents sous le bras, que la justice ouvre, enfin, tous les dossiers. Il est persuadé, lui, dont la carrière professionnelle et celles de ses proches, y compris sa sœur et son épouse, ont été bloquées, qu'une «mafia politico-judiciaire» ne voudra, jamais, d'issue à ce dossier, et qu'elle va «tenter de m'avoir à l'usure». «Mais je reviendrais, en janvier prochain, avec mes dossiers», dit-il. Plusieurs personnalités étaient présentes, hier, à la Cour d'Alger, pour exprimer leur soutien à Benyoucef Mellouk. Il y avait, entre autres, Saïd Sadi (ancien président du RCD), et des membres de Barakat (dont Amira Bouraoui), ainsi que Noureddine Belmouhoub, militant des droits de l'Homme.