Le débat sur l'application de la peine de mort est revenu à la faveur d'une question orale d'un député à l'Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, interpellé sur les motifs de la non-application de la peine de mort en Algérie depuis des années, a affirmé, ce jeudi, que la question est sociétale et nécessite un débat dépassionné, « ouvert et objectif ». Le ministre, qui a souligné la sensibilité du dossier, a précisé que la question revêt des considérations politique, sociale et morale. M. Louh, tout en rappelant que la suspension de l'application de la peine de mort en Algérie remonte à 1993, prendra l'exemple d'autres pays qui, comme l'Algérie, n'appliquent pas cette sentence bien que leur législation la prévoit. Il reviendra sur la peine de mort et son aspect polémique « au sein de différents courants intellectuels, y compris en Algérie » où la question divise profondément. Un dossier récurrent qui s'actualise à chaque fait divers sordide qui touche plus particulièrement les enfants. L'année dernière, et abordant un des sujets les plus médiatisés ces deux dernières années, le ministre de la Justice a jugé nécessaire d'appliquer les peines maximales contre les responsables d'enlèvements, d'agression sexuelle ou d'homicides sur des enfants. En mars 2012, et au plus fort de la mobilisation citoyenne et l'emballement médiatique après les derniers meurtres d'enfants, Daho Ould Kablia, alors ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, avait indiqué que le gouvernement envisageait la révision du code pénal dans sa partie relative aux peines appliquées aux auteurs d'enlèvements d'enfants. La vox populi était en effet montée au créneau accusant le gouvernement de laxisme et l'appelant à plus de fermeté contre les auteurs de crimes de sang commis contre les enfants. Daho Ould Kablia avait déclaré que le gouvernement a pris une batterie de mesures à même de circonscrire ces forfaits sans pour autant évoquer une quelconque levée du moratoire contre la peine de mort pour ce genre de crimes. Il avait aussi évoqué le caractère politique de ce moratoire qui fait débat entre abolitionnistes et défenseurs de la peine de mort, « il s'agit d'une décision politique et donc le retour à l'application de cette peine nécessite une décision politique », avait-il souligné. Le débat avait également touché la classe politique qui avait commenté le volet des enlèvements d'enfants en 2013. La députée FLN, Kheira Krifli, avait salué les dispositions coercitives prévues par le texte en direction des auteurs d'enlèvement d'enfants. Les élus de l'Alliance de l'Algérie Verte (AAV) abondent dans le même sens que le FLN et le FJD allant jusqu'à préconiser un durcissement des peines contre les coupables en appelant à l'application de la peine capitale devant l'extension des pratiques criminelles dans notre pays. Quant au PT, il s'était dit opposé à l'application de la peine de mort.