L'Algérie pêchera-t-elle plus de thon en 2015 ? La réponse ne saura tarder puisque la Cicta, (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique et en Méditerranée), est depuis une semaine à Gênes pour décider d'un nouveau quota de pêche annuel. Les 48 membres de la Cicta, dont l'Algérie, l'UE, les Etats-Unis d'Amérique, le Japon et les pays méditerranéens, entre autres, suivent avec intérêt des négociations qui s'annoncent prometteuses pour trouver un accord sur un quota à revoir à la hausse. Mais l'optimisme des pêcheurs est tempéré par le comité scientifique de la Cicta, qui préconise un relèvement «graduel et modéré» du quota, devant les incertitudes des modèles d'évaluation et de projection, expliquent les scientifiques qui prônent, au même titre que les ONG, une plus grande prudence. La Cicta, l'autorité de régulation de la pêche au thon, se trouve ainsi confrontée à l'insistance des pays pêcheurs de revoir à la hausse le quota qui a été fixé pour 2013 et reconduit en 2014 à 13.400 tonnes après la reconstruction du stock de reproducteurs de thon rouge de l'Atlantique-Est et la Méditerranée, évalué à 150.000 tonnes en 2008 et qui est remonté à 585.000 en 2013. Un stock tombé au plus bas dans les années 2000 du fait de la surpêche et qui a poussé la Cicta à mettre en place un quota drastique depuis 2007. L'Algérie, dont le quota est de 243 t depuis 2013, devra logiquement voir sa part de pêche revue à la hausse mais s'inscrit déjà dans l'optique d'une modification de la répartition du quota, tout comme la Turquie, la Libye ou encore l'Egypte. Une position qui ne plaît pas trop aux Européens et plus particulièrement les Français inquiets des demandes de «certains pays de revoir la répartition», dira le représentant des pêcheurs français. «Le risque est que l'UE ne bénéficie pas assez du relèvement du quota», expliquera ce dernier. Détentrice de plus de 59% de la pêche autorisée, l'UE propose d'accroître le quota de 20% par an sur trois ans pour le porter à 23.155 tonnes en 2017. D'autres pays ont demandé une hausse plus forte encore, notamment le Japon pour 2015. Rappelons que l'Algérie a dû batailler pour retrouver son quota puisqu'en 2010 à Paris, son absence à la réunion de la Cicta, avait donné lieu à un démembrement de son quota de pêche au thon qui a été réparti alors sur plusieurs autres pays membres (Maroc, Egypte, Croatie et Libye). Durant cette réunion, la Commission n'avait alloué à l'Algérie qu'un quota de 138 tonnes avec le prétexte qu'elle n'avait pas réussi à pêcher son stock de 680 t de thon. En 2014, l'Algérie a pêché et pour la deuxième année consécutive la totalité de son quota depuis que la pêche au thon rouge est confiée aux seuls armateurs algériens. Les responsables du secteur avaient déclaré alors que l'Algérie va demander à augmenter son quota qui est passé de 143 tonnes en 2011 à 243 tonnes actuellement. Du côté des associations de protection de la nature, l'éventualité de voir croître le quota de pêche de 60% en trois ans fait frémir.