Après une énième nuit secouée par les violents affron tements entre les habitants de l'Unité de voisinage n°14, à Ali Mendjeli, le chef de l'exécutif local s'est rendu, hier matin, sur les lieux, en compagnie d'une importante délégation où figuraient des officiers de l'ANP, de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté de wilaya, afin de s'enquérir de la situation qui s'est gravement dégradée ces derniers jours, pour tenter encore de trouver des solutions à ce conflit entre voisins qui perdure depuis plus d'une année. C'est que la guerre des gangs a atteint, dans la nuit du dimanche au lundi, un seuil de violence rarement égalé. Les bandes de Fedj Errih et Oued El Had ont semé la terreur au sein des habitants lors de cette nuit d'enfer, rapportent des témoignages. Armés d'épées et de cocktails Molotov, équipés de casque à moto et de boucliers (des paraboles), les bandes de Fedj Errih ont opéré « comme une soldatesque », usant d'attaques et de replis tactiques, provoquant la panique et la dispersion dans les rangs adverses, en incendiant des appartements et des véhicules, poussant même les éléments antiémeute jusqu'à leur dernier retranchement. « Difficile d'intervenir dans ces conditions sans garantir à 100% de ne pas commettre l'irréparable », laissent entendre des officiers de police. Ajoutant qu'en pareille situation, les services de sécurité font dans la prévention et le travail de proximité, en privilégiant l'implication des citoyens pour le règlement du conflit. La Protection civile, pour sa part, fait état d'un bilan des sinistres de cette nuit en question, en indiquant que trois véhicules ont été carbonisés hier aux environs de 4 heures du matin. Pourtant, aucun automobiliste ne se risque plus à garer son véhicule dans les parages de l'UV n°14. Mais ces derniers ont cru mettre à l'abri leurs voitures en stationnant non loin du commissariat et c'était sans compter sur la ruse de guerre des gangs, qui ont contourné tout le patelin et venir incendier ces véhicules en signe de représailles contre les habitants de Oued El Had, qui avaient auparavant incendié des véhicules dans leur périmètre. En tout cas, dans la nuit du dimanche au lundi, le cycle de violences a atteint un seuil alarmant, poussant certains habitants à sortir dans la rue et bloquer la route, hier matin, pour revendiquer la présence du wali sur les lieux. « Les autorités doivent agir pour régler ce problème de sécurité des citoyens », clamait-on. Aussi, les établissements scolaires, demeurés clos hier, n'ont pas été épargnés par les actes de vandalisme. La directrice d'un établissement scolaire a été choquée par l'assaut d'un énergumène qui l'a menacée avec une arme blanche. Des malfaiteurs ont pénétré dans la nuit à l'intérieur de l'école primaire où ils ont saccagé la salle des enseignants, mettant sens dessus dessous tout ce qui s'y trouvait. D'après certaines sources, plusieurs établissements scolaires dans les alentours ont été visités par des voleurs à la recherche d'objets de valeur, ou de sommes d'argent, revenus de la vente des livres scolaires. « Par mesure de précaution, nous avons placé tout le matériel et les objets de valeur qui se trouvaient dans ces établissements scolaires dans des endroits sûrs », soutenait hier M. Latafi, proche collaborateur du directeur de l'éducation. Le directeur de l'éducation, présent en permanence hier et avant-hier à l'UV n°14, avait fait appel aux associations de parents d'élèves pour les convaincre d'agir en direction des jeunes pour apaiser les tensions et les dissuader de ne pas recourir à la violence. Le wali, à la fin de sa rencontre avec des représentants des habitants, a fait une petite tournée à l'intérieur de l'UV n°14. Triste constat. Des murs noircis par les cocktails Molotov, un éclairage public saccagé, des voitures incendiées, des routes jonchées de pierres et de déchets, donnent un aperçu sur le calvaire vécu par les habitants.