Ces scènes de violence — récurrentes — ne sont pas sans rappeler les événements qui ont éclaté au mois de janvier dans la capitale des Mozabites, Ghardaïa. Les affrontements entre bandes rivales à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, qui durent depuis plusieurs semaines, ont déjà fait quelques dizaines de blessés et une centaine d'arrestations. Aucune mesure sérieuse n'a été prise pour mettre fin à cette escalade. Il y a comme un air de déjà-vu, à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, à Constantine. Pour la troisième fois consécutive, les habitants des anciens quartiers populaires d'Oued El-Had et Fedj Errih, relogés à l'Unité de voisinage (UV14), dans le cadre du plan de résorption de l'habitat précaire, s'affrontent... à coups de sabre et de cocktails Molotov. Le dispositif sécuritaire qui, faut-il le souligner, n'a été mis en place qu'en janvier dernier (les affrontements durent depuis le mois de novembre), n'a fait qu'exacerber une situation déjà au bord de l'explosion. Pis, les forces antiémeutes auraient reçu l'ordre de n'intervenir sous aucun prétexte, "élection présidentielle oblige", selon les habitants. Ce qui a encouragé la recrudescence de la violence au point où, aujourd'hui, les agresseurs s'en prennent carrément aux habitations. "Nous avons appelé le numéro vert de la police (15-48), dans la nuit de vendredi à samedi, pour qu'ils interviennent, mais une voix à l'autre bout du fil m'a dit : ‘On peut rien vous faire (...), surtout avec l'élection, débrouillez-vous'", témoigne Amina. Ce fut bien évidemment le choc pour notre interlocutrice qui craint désormais pour sa vie. En effet, sur les lieux où nous nous sommes rendus hier en début de matinée, le constat était accablant. Les rues portaient encore les stigmates d'une nuit blanche où même les immeubles ont été pris pour cible. "Ils ont saccagé et brûlé l'appartement de notre voisine du 1er étage", témoigne Ghania, mère de 3 enfants et ancienne habitante de Fedj Errih. Ces scènes de violence — récurrentes — ne sont pas sans rappeler les événements qui ont éclaté au mois de janvier dans la capitale des Mozabites, Ghardaïa. Et pour cause : les habitants craignent une éventuelle récupération de ces événements pour des considérations purement politiques qui, au final, ne feront qu'enfoncer encore plus le pays dans la crise. Car, d'aucuns connaissent les raisons qui ont mené à cette situation. De petites querelles entre bandes rivales qui se transforment en véritable guerilla urbaine échappant totalement au contrôle des services de sécurité. D'ailleurs, c'est une banale dispute entre deux habitants de la nouvelle ville, en octobre dernier, pour le contrôle d'un parking "informel" qui est à l'origine de cette situation. S'en sont suivies des échauffourées d'une rare violence entre les habitants qui auront causé d'importants dégâts matériels, à savoir un établissement scolaire, un hôpital et un marché de proximité saccagés, ainsi qu'un commissariat. Sans parler du climat de peur et de psychose qui s'est installé au sein de la population, qui se retrouve malgré elle, coincée dans une guerre qui n'est pas la sienne, au point où la majorité d'entre elle a mis en vente son logement. "Nous avons, tout le temps, peur de nous retrouver en pleine bagarre, car les jeunes ne font aucune distinction, tout y passe", dira un autre, tout en déplorant l'inaction des services de sécurité. Lynda NACER/Houda CHIED Nom Adresse email