Si les pouvoirs publics semblent fermement décidés à en finir définitivement avec les bidonvilles et les constructions illicites qui ceinturent complètement la ville d'Oran et ses environs, il n'en demeure pas moins que des citoyens (venus notamment des autres wilayas) s'accaparent en toute impunité de nouveaux sites et des assiettes foncières pour ériger des bidonvilles. A Oran, le phénomène des constructions illicites est devenu aussi un business. Les «constructions» sont vendues et revendues, d'autres en location. Cette situation a poussé les services concernés à passer au peigne fin toutes les demandes de logement. Ceci étant dit, selon les responsables locaux, la guerre aux bidonvilles à Oran sera non seulement poursuivie, mais renforcée davantage. Selon une déclaration faite dernièrement par le wali d'Oran, «les bidonvilles ceinturent la ville d'Oran, rien qu'au niveau du quartier les Planteurs, près de 41.000 constructions illicites sont érigées». Les bidonvilles de Ras El-Aïn, les Planteurs, Kouchet El-Djir sont considérés comme les plus anciens du pays et qualifiés en 2002, souvenons-nous, par un ministre de «véritable enfer». En 2005, une enquête, avec comme objectif de transférer quelque 12.000 ménages, avait été entamée et un projet de relogement d'envergure auquel a adhéré la Banque mondiale a été lancé. Une fois achevé, le site de Ras El-Aïn et des Planteurs devait être transformé en forêt urbaine qui pourrait être le poumon d'Oran. Ce quartier a pris une autre dimension suite à un exode rural massif à partir des années 70. Même sur un terrain accidenté, il était possible, estiment-ils, d'effectuer des aménagements urbains notamment en matière d'accessibilité. Sur ce plan, force est de constater que dans la majorité des îlots, l'accès ne peut être effectué qu'à pied et, pour preuve, la collecte des ordures ménagères se faisait dans un passé récent à dos de mulet avant que des bacs à ordures ne soient installés pour faciliter la tâche des équipes d'éboueurs. Il faut dire également que l'absence de réseaux d'assainissement et d'eau courante rend la situation hygiénique de ce «quartier» des plus précaires. L'urbanisation sauvage a engendré une occupation du sol dans un premier temps vers la forêt du Murdjadjo, donnant naissance à l'actuel quartier des Planteurs, alors que dans un second temps, c'est toute la zone du ravin vers le mont qui a été occupée. Au niveau de cette zone qui jouxte l'autre favela cachée, à savoir Kouchet El-Djir, en référence à une carrière de chaux aujourd'hui fermée, les risques d'éboulement sont omniprésents, ainsi que les risques d'inondation en cas de fortes précipitations. Le mois dernier et en application des instructions données par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, lors de sa visite, concernant le relogement des familles de ce site précaire, près de 500 familles des Planteurs ont été relogées dans des logements décents dans la commune de Hassi Bounif. L'opération de relogement a touché les habitants des sites précaires dits «Terrain Si Ali» et «Recasement». Les services de la wilaya ont rassuré la population de ce quartier que les opérations de relogement se poursuivront en fonction de la disponibilité des logements et des programmes en cours de réalisation pour cette zone d'Oran. Dans ce contexte, il a été annoncé l'inscription prochaine d'un programme complémentaire, pour permettre le relogement d'autres familles qui vivent dans des conditions précaires au niveau des terrains «Chabat», «Ghazal», «le Bon» et «Ras El-Aïn», pour en finir avec le phénomène d'habitat irrégulier au niveau de ce quartier. Dans le même cadre l'entreprise qui devra prendre en charge les travaux de 900 logements sociaux à Misserghine au profit des habitants de planteurs vient d'être installée. Ce projet en souffrance depuis des années entre dans le cadre d'un programme de réalisation de 6.000 logements RPH inscrit au titre de l'année 2006 avec la contribution de la Banque mondiale, dont 300 logements à El-Braya,700 logements à Bousfer, 800 logements à Sidi Benyebka, 1.000 logements à Chehaïria et 1.000 logements à Benfréha, entre autres. En dépit des efforts déployés par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre les constructions illicites, des personnes de tous bords et surtout venant de wilayas limitrophes s'implantent quasi quotidiennement au niveau des bidonvilles. Le premier responsable de l'exécutif a déclaré que le nouveau programme public de logements permettra aussi l'éradication définitive de l'habitat précaire à Oran. Pour ce qui est des anciens programmes, il a rappelé que «la wilaya a bénéficié de 99.111 unités tous types confondus, dont 53.000 logements sociaux. Toutes les contraintes ont été levées et tous les projets ont été lancés».