Des militants d'Amnesty International Algérie ont déploré le recul des libertés fondamentales, notamment civiles et politiques, en Algérie. Younès Saadi, président d'Amnesty Algérie, a affirmé, hier, lors de la célébration de la Journée internationale des droits de l'homme, que «les droits fondamentaux de la liberté d'expression et de la liberté démocratique n'avancent pas dans notre pays, bien au contraire, on note un recul et un désengagement de la part de l'Etat, notamment par rapport au chantier de réformes politiques et démocratiques prônées par le président Abdelaziz Bouteflika lui-même». Le même intervenant a affirmé qu'il y a un grand écart entre le discours et la réalité. «Les pouvoirs publics continuent à interdire les rassemblements et les marches, notamment dans la capitale, l'on continue aussi à mettre des entraves pour la création des partis politiques et on continue à bafouer les droits des associations». Younès Saadi a affirmé que plusieurs associations n'arrivent toujours pas à obtenir leur agrément, dont Amnesty International Algérie. «Ils nous ont demandé, conformément à la nouvelle loi relative aux associations, de se mettre en conformité, on l'a fait, et on attend que les autorités algériennes respectent ou appliquent leurs propres lois». Le conférencier a précisé que le Premier ministre a été saisi et qu'il a répondu rapidement en promettant de donner des instructions au ministère de l'Intérieur pour l'octroi de l'agrément. «Mais, semble-t-il, ça sonne et ça ne répond pas au ministère de l'Intérieur. Nous n'avons reçu ni réponse négative, ni positive de la part du ministère de l'Intérieur». Les membres d'Amnesty ont précisé qu'ils ont voulu organiser une manifestation à Alger, «mais le wali d'Alger a refusé de nous donner une autorisation faute d'agrément», regrettent-ils. Les militants d'Amnesty Algérie sont persuadés que seule la mobilisation pacifique de la société civile peut inverser la donne. Et seule la mobilisation de la société civile poussera les pouvoirs publics à mettre en place un mécanisme national de prévention contre la torture et abolir la peine de mort. «C'est vrai qu'il n'y a pas eu d'exécution en Algérie depuis des années, mais aller voir ce qui se passe dans les couloirs de la mort en prison», a précisé la directrice d'Amnesty International Algérie, Hassina Oussedik. Elle interpelle la conscience des Algériens pour se mobiliser davantage, en signant des pétitions et des lettres de dénonciations et surtout de mener des campagnes de sensibilisation. Justement, pour les droits des femmes et des enfants et pour les droits des réfugiés et des opprimés. Elle lance un appel aux Algériens pour se mobiliser, en signant des pétitions en faveur de «Mohammed Al Roken, un avocat émirati harcelé et emprisonné en raison de ses activités militantes»; des «femmes et jeunes filles de la municipalité de Mkhondo en Afrique du Sud, privées de soins médicaux vitaux», des «habitants de Bhopal en Inde, victimes d'une fuite de gaz toxique» et de «Daniel Quintero, un étudiant vénézuélien torturé pour avoir participé à une manifestation». Les militants d'Amnesty International se mobiliseront à travers 20 wilayas du pays, durant ce mois, pour faire signer des pétitions en faveur de ces victimes à travers le monde. L'enjeu est de faire participer la société algérienne dans de grandes campagnes mondiales en faveur des droits humains, intitulée «Marathon des Lettres». Hassina Oussedik conclut : «Exprimons notre solidarité avec les autres pour que demain, ils seront solidaires avec nous en cas de problème».