Aux Emirats arabes unis, de nombreux militants sont harcelés, arrêtés, voire torturés en détention, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport qui braque les projecteurs sur les méthodes répressives auxquelles recourt le gouvernement pour faire taire ses détracteurs. Encore une fois Amnesty international essaye de faire changer les choses dans le monde où il existe beaucoup d'injustice. Le mal est partout et les droits de l'Homme sont ignorés dans plusieurs Etats arabes. Le rapport intitulé «There is no freedom here»: Silencing dissent in the UAE, lève le voile sur le climat de peur qui règne dans le pays depuis 2011, les autorités étant prêtes à aller très loin pour éliminer toute dissidence, critique ou appel à la réforme dans le sillage des soulèvements populaires qui ont balayé l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. La directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International Hassiba Hadj Sahraoui a déclaré à ce sujet qu'«aux Emirats arabes unis, derrière la façade bling-bling et glamour, une facette bien plus sombre fait apparaître le pays comme un Etat très répressif où les militants qui critiquent le gouvernement peuvent être jetés en prison pour un simple tweet» . Ils prennent particulièrement pour cibles des avocats, des professeurs d'université, des étudiants et des militants de la société civile, dont certains sont liés à l'Association pour la réforme et l'orientation sociale (al Islah), organisation populaire et pacifique qui, selon le gouvernement, entretient des liens avec les Frères musulmans en Egypte. Leurs proches se retrouvent également dans le collimateur des pouvoirs publics. Un pays qui se démarque par ses hotels de luxe et par ses gratte-ciel Le rapport publié juste avant le grand prix de formule 1 de Abou Dhabi dénonce le gouffre entre l'image publique que les Emirats arabes unis s'efforcent de faire passer, à savoir celle d'un Etat dynamique et moderne, d'un pouvoir économique en plein essor, qui se démarque par ses hôtels de luxe, ses grattes-ciel et ses centres commerciaux à la pointe du design, et la réalité moins reluisante que vivent les militants, persécutés et soumis à des disparitions forcées, à des actes de torture et à d'autres mauvais traitements. «L'ampleur de la répression est effrayante, mais force est de constater que le monde est très peu informé du traitement réservé aux militants qui critiquent le gouvernement, ainsi qu'à leurs familles. Il est temps que les alliés internationaux des Emirats arabes unis ouvrent les yeux sur les atteintes aux droits humains endémiques, commises par les autorités et fassent passer les droits humains avant les intérêts économiques.» Une pétition d'un groupe de 133 personnes en mars 2011 qui réclamait une réforme politique et le droit de voter et d'élire un Parlement avait provoqué la colère de l'Etat qui avait poursuivi et emprisonné plus de 100 militants pacifiques et détracteurs du gouvernement pour des infractions liées à la sécurité nationale ou à la cybercriminalité. Plus de 60 d'entre eux croupissent en prison, purgeant des peines allant jusqu'à 14 ans, révèle-t-on . Amnesty international signale que parmi les victimes figure le prisonnier d'opinion Mohammed al Roken, éminent avocat spécialisé dans la défense des droits humains qui subit depuis des années le harcèlement du gouvernement, parce qu'il dénonce le bilan des Emirats arabes unis en termes de droits fondamentaux et réclame des réformes démocratiques. Il purge une peine de 10 ans de prison. Il a été condamné à l'issue du procès collectif entaché de graves irrégularités de 94 militants devant la chambre de la Cour suprême fédérale chargée de la sûreté de l'Etat – un procès connu sous le nom des «94 Emiriens». «Les autorités des Emirats arabes unis doivent mettre fin à ces arrestations et détentions arbitraires, ainsi qu'aux disparitions forcées des prisonniers détenus simplement pour avoir exercé sans violence leurs droits à la liberté d'expression et d'association», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. Selon un rapport, certains prisonniers ont déclaré avoir été torturés et maltraités, racontant que les personnes chargées de les interroger leur avaient arraché les ongles, les avaient roués de coups et suspendus la tête en bas pendant de longues périodes, leur avaient retiré des poils à la barbe et à la poitrine, et avaient menacé de leur infliger des décharges électriques, de les violer et de les tuer. Devant ce fait, Amnesty International demande aux autorités émiriennes de réviser les lois qui érigent en infraction l'exercice pacifique des droits à la liberté d'expression et d'association, notamment la loi relative à la cybercriminalité et la nouvelle loi antiterroriste adoptée en août 2014. « Les Emirats arabes unis ne peuvent pas se proclamer nation progressiste et partenaire commercial sur la scène internationale, et se targuer d'être membre du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, tout en enfermant leurs détracteurs au motif qu'ils expriment leurs opinions sans violence», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. Le rapport se termine des autorités émiriennes qui ont répondu aux préoccupations soulevées par Amnesty International en affirmant simplement que la promotion des droits humains était «en cours», souligne-t-on .