Des centaines de personnes (familles et amis), se sont retrouvés le 12 janvier 2015 à Béni Snous, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Tlemcen, pour célébrer l'arrivée d'En-Nayer ou jour de l'an du calendrier solaire traditionnel. Cette cérémonie visant à perpétuer les coutumes et la tradition des populations de Béni Snous, dont l'histoire remonte à plus de 10 000 ans avant Jésus-Christ, trouve son origine chez les derniers Amazighen de cette région, qui honoraient leurs ancêtres en fêtant avec ferveur l'an du calendrier berbère, qui correspond à la date où le roi Chacnaq fut intronisé Pharaon d'Egypte. Selon l'ingénieur-consultant Baghli Mohammed Ben Ahmed, trois jours de festivités concernent l'En-Nayer à Béni Snous. Il s'agit de Nafqat Al-Qarmous, Nafqat Al-Lham et Ras Al-Äm. Durant ces trois jours, ni bain, ni coiffeur, ni nettoyage à la maison. ' Pour Nafqat al-Qarmous, les habitants étalaient sur les terrasses des maisons, des feuilles des plantes à l'air libre, tels que des touffes de palmier-nain (doum), des rameaux d'oliviers (awrâqzeitoun), du romarin(iklîl), des asphodèles (berwaq), des scilles (fer'oun), des lentisques (draou), du caroubier (kharoub) ainsi que de la férule (klakh) et des fenouilles (sanoudj). Outre, une chasse au lièvre ou à la perdrix, ces populations préparaient un mouton ou un bouc pour la journée du lendemain, il s'agit de Nafqat al-Lham, pour laquelle les habitants fermaient leurs moulins et fours banals. Ils préparaient le Sfendj et Thrîd ainsi que le plateau de fruits secs (shifatqachqcha), des petits pains avec un œuf au milieu (guerisabiwladjadj), de la levure d'en-Nayer (khmirat en-nayer), et de la soupe spéciale Harirabil-kerwiya ou Cherchem (qamh, foul, djelban). Les petites filles paraient leur poupée de nouveaux habits (qachblîsa). Le Conte aux petits enfants d'Ajouzat en-Nayer était au programme de toutes les grands-mères. - Echange de cadeaux entre les familles de fiancés. Mise sur le premier sillon de labour de la levure (khmira), fève (foul), figue (kermous), et grenade (rommâna). Le soir, on échange des vœux de fin d'année : 'Allah yadakhlou-alikoum-bil-mahanna-wa-rahma'', expliquera-t-il. À Béni Snous, la célébration de ce nouvel an amazigh, s'explique par l'importance accordée aux rites et aux superstitions de l'époque dont certaines subsistent encore de nos jours. À ce titre, le carnaval d'Ayred consiste à se déguiser et passer de porte à porte pour réclamer des friandises et autres gâteaux confectionnés pour ce rite ancestral. Cette année, diverses manifestations festives ont été organisées pour marquer cet évènement. Outre, des causeries sont animées par des historiens, archéologues et sociologues sur la signification de cette tradition ancestrale fêtée avec ferveur par la population berbère de cette contrée nichée dans la montagne, une grande exposition mettant en exergue les us et les coutumes de cette région, a été organisée par la direction de la culture de Tlemcen dans la bibliothèque de la commune de Béni Snous. Au palais de la culture Abdelkrim Dali, les festivités ont commencé, dimanche en fin d'après-midi, avec l'inauguration d'une grande exposition de plats culinaires populaires, en présence de nombreux invités et responsables du secteur de la culture. Cette exposition organisée au grand public par des associations de Sebdou, Maghnia, Remchi et Tlemcen, met en valeur les divers plats préparés, tels que berkoukes, couscous, tride et autres gâteaux traditionnels kaak, ghribia et des fruits, comme les figues, les grenades, les datteslors de cette fête à laquelle la population de Tlemcen est trop attachée. Au musée d'art et d'histoire de la ville de Tlemcen, la célébration du nouvel an amazigh a donné également lieu à une autre exposition mettant en valeur les traditions locales à l'occasion d'En-Nayer.