Lundi au nord du Mali, le groupe autodéfense Touareg Imghad et allié (GATIA), proche du pouvoir malien, a pris le contrôle de la localité de Menaka où ses combattants ont chassé ceux de la rébellion qui la contrôlaient jusqu'ici. Ceci en dépit des accords de cessez-le-feu ayant été signés sous égide internationale par cette rébellion coalisée dans la CMA et le gouvernement de Bamako. Le chef de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) dont des éléments sont déployés à Menaka et ont assisté à sa prise par le GATIA a dénoncé l'opération la qualifiant de violation grave des accords de cessez-le-feu. Pour sa part, la CMA considère que l'attaque de groupes armés favorables à Bamako contre ses positions à Menaka constitue «une rupture manifeste» desdits accords signés par le gouvernement et ce qui est d'autant inacceptable qu'elle a eu lieu au lendemain de l'engagement définitif pris par les organisations politico-militaires qui en sont membres de parapher l'accord d'Alger dans les plus brefs délais, le 15 mai plus exactement comme annoncé par Ramtane Lamamra qui pilote la médiation internationale pour le Mali. La résurgence de la tension au Nord-Mali que provoquent les agissements du GATIA met effectivement en péril les efforts qui ont été déployés pour restaurer une paix durable au Mali. Ce contre quoi le chef de la Minusma a mis en garde et exhorté les parties à cesser immédiatement les hostilités et à retourner sur leurs positions. Vu les liens qu'entretient le GATIA avec le gouvernement de Bamako, la balle est incontestablement dans le camp de ce dernier. Il se doit d'intervenir pour que le groupe d'autodéfense obtempère à l'exhortation du représentant onusien pour le Mali. Faute de quoi la rébellion coalisée dans la CMA pourrait s'estimer déliée de son engagement de parapher l'accord de paix d'Alger. La violation du cessez-le-feu par le GATIA fait s'interroger sur ses mobiles tant elle met le gouvernement dont il est censé défendre les intérêts et la politique au Nord-Mali en situation où pèse sur lui le soupçon qu'il ne serait pas mécontent que le paraphe de l'accord de paix d'Alger par la CMA n'ait pas lieu. Se peut-il que le GATIA dont les composantes sont inquiètes des concessions faites par le gouvernement de Bamako à la rébellion en Azawad ait agi de sa propre initiative ? Quoi qu'il en soit, il revient à ce gouvernement de dicter leur conduite à ses alliés du Nord-Mali. Dans une récente interview qu'il a accordée à notre confrère «Afrique Asie», le président malien Ibrahim Boubacar Keita a, en faisant allusion aux tergiversations que met la CMA à parapher l'accord d'Alger, déclaré «nous n'accepterons jamais l'épée de Damoclès de la violence». Après que cette CMA a pris l'engagement définitif de ratifier l'accord, ce sont des alliés de son gouvernement qui font planer sur le Mali cette épée de Damoclès de la violence. C'est aux autorités maliennes à faire entendre raison à leurs alliés du Nord et à les emmener à respecter les signatures qu'ils ont apposées au côté de la leur au bas de l'accord d'Alger.