La plaque signalétique désignant l'assiette de terrain devant recevoir une piscine semi-olympique s'est dégradée à cause des aléas du temps. Le monticule de terre et de détritus, envahi par les herbes sauvages, est toujours à sa place, gâchant le paysage se trouvant en face d'un CEM et juste à côté d'une école primaire. Autant dire que les élèves, autant que les citoyens qui habitent ce périmètre, ne sont pas gâtés. Le projet de piscine, décidé il y a une année, ne verra pas le jour cet été, même en mobilisant l'entreprise chinoise la plus performante. Pourtant, c'est un ministre de la République, accompagné d'un wali devenu lui aussi ministre, qui avaient décidé de cet emplacement. Il s'agit de MM. Tahmi, quand il était à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, et Boudiaf, quand il présidait au sort de la wilaya. A l'époque, il y a quatre ans de ça, les deux hauts responsables, accompagnés du DJS, avaient affirmé que l'enveloppe budgétaire pour cette piscine était dégagée. Depuis, aucun responsable ne s'est rendu sur les lieux pour s'enquérir sur le sort de cet équipement pouvant faire le bonheur des gosses du quartier livrés à la rue. Au contraire, de temps à autre, des rumeurs circulent sur l'attribution de l'assiette à un promoteur pour y ériger des tours. La récurrence de ces rumeurs est perçue comme une guerre psychologique livrée aux riverains pour anéantir leur vigilance. Entre temps, des projets appartenant à des privés, loin de cette assiette de quelques centaines de mètres, avancent à des rythmes variables : en bas, deux cliniques privées, en haut, un ensemble d'immeubles. D'une manière générale, la DJS, au niveau du quartier Al Akid Lotfi, désormais comparé à la ville Ali Mendjli de Constantine, érigé à son tour en illustration de l'urbanisme anarchique, dispose de trois projets depuis des années. Une maison de jeunes sur le point d'être achevée puisqu'on est aux dernières retouches. Ce qui justifiera sûrement la venue du nouveau ministre de ce secteur pour l'inaugurer dans les semaines à venir. Un autre équipement dont les travaux de réalisation avancent à pas de tortue et qui est totalement caché par un projet de grande surface. Et cette piscine dont le sort se trouve probablement dans le tiroir d'un commis de l'Etat. Entre temps, les enfants du quartier qui ne sont pas en mesure de se payer des virées à la plage doivent se contenter de se rendre à une piscine privée se trouvant à Bir El Djir. Ou attendre celle qu'un autre privé est entrain de réaliser non loin du lycée Mokhtar. En attendant, des pères de familles, sur les terrasses des cafés, continuent à ressasser la question de savoir qui est derrière le blocage du projet de la piscine publique...