La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a animé hier matin un meeting à la salle Aïssat-Idir à Skikda. Accueillie sur un air de zorna, Louisa Hanoune a, dès le début de son intervention, annoncé la couleur en déclarant en substance : «Votre présence, c'est de la résistance car nous avons enregistré de graves transformations, plus graves encore que le terrorisme, nécessitant une mobilisation populaire. Une oligarchie s'est accaparée des deniers publics, du foncier et cherche à s'accaparer du pouvoir avec des appuis à l'intérieur de l'Etat ». Elle s'est étalée longuement sur ce qu'elle a qualifié de dérive et l'entrée en scène de « forces occultes qui ont imposé une mainmise sur des institutions de l'Etat ». Pour elle, l'Algérie vit deux formes d'oligarchie à la fois, citant l'exemple de l'Egypte sous le règne de Hosni Moubarak où l'oligarchie a pris les centres de décision avec une généralisation de la corruption et en face, une population qui vit dans la misère, l'autre exemple est celui de l'oligarchie ukrainienne qui a vu le président élu démocratiquement déchu pour être remplacé par un autre intronisé par les Occidentaux. Elle a dressé un tableau noir de la situation qui prévaut dans le pays où, a-t-elle déclaré, 14 mois après sa réélection, le président n'a pas tenu ses engagements de lancer de grandes réformes mais au lieu de cela, « on assiste à une fin de règne d'un pouvoir gagné par la terreur à l'idée de céder la place, un pouvoir finissant, putréfié, agonisant », dira-t-elle. A propos du dernier remaniement ministériel, elle a soutenu que sur les 8 ministres nommés, 4 l'ont été par l'oligarchie qui a fait une OPA sur le gouvernement. Quant à Youcef Yousfi, selon elle, il a fait les frais de son opposition à la volonté de s'accaparer du secteur des hydrocarbures. Elle s'est attaquée violemment au ministre de la Santé qu'elle a mis en garde contre l'atteinte à la médecine gratuite en tant qu'acquis du peuple, « par le projet de privatisation qu'il tente de faire passer », en affirmant que cela représentera « un point de rupture ! » et que de graves conséquences vont découler de sa concrétisation. Hanoune a abordé toutes les questions de l'heure en dressant un tableau sombre de l'état des lieux du pays, dirigé, selon elle, par l'oligarchie. Elle n'a pas manqué de répliquer à Ouyahia qui a déclaré qu'il n'y aura pas d'élections présidentielles anticipées et que le Président poursuivra son mandat jusqu'à sa fin. Elle lui a conseillé, à son tour, de «ne pas confondre entre sa mission de secrétaire général d'un parti et celle de conseiller à la présidence de la République». Soutenant qu'il y a une crise dans le pays et qu'il faut éviter de faire de tels pronostics, elle a enfoncé encore le clou en se demandant « comment M. Ouyahia peut nous expliquer que le président de la République dont le cerveau, selon lui, travaille à 150%, a été délesté de ses prérogatives qui ont été transférées à d'autres personnes, pourquoi cette panique ? Pourquoi tous ces scénarios ? ». S'agissant du programme d'austérité qui va être décrété par la loi de finances complémentaire qui fera l'objet d'une ordonnance, elle a demandé à ne pas faire supporter le poids à la population mais d'aller chercher l'argent chez ceux qui ont bâti des fortunes et profité des deniers publics lors de la décennie noire. A la fin de son intervention, Louisa Hanoune a invité les représentants des TV présentes pour faire une déclaration dans laquelle elle a tenu à répondre à son détracteur, Amar Saadani, SG du FLN, qui a dénié le droit d'existence à son parti le PT.