Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), intensifie ces derniers jours ses sorties sur le terrain à la rencontre de la base militante. Après une série de réunions régionales avec les militants de l'est, de l'ouest et du sud du pays, c'était, hier, au tour des cadres et des responsables des sections de la wilaya du centre de se réunir à Alger. La menace interne, note-t-elle, est plus grave que la menace externe, d'où l'urgence de régler les problèmes qui se posent sur les plans social et politique, afin de renforcer le front interne. La secrétaire générale du PT affiche son opposition catégorique au plan anticrise du gouvernement, notamment les mesures d'austérité qu'il compte instaurer, arguant que «la véritable austérité doit être appliquée en mettant fin à la dilapidation des deniers publics». Le gel des recrutements dans la Fonction publique n'augure rien de bon, selon la première responsable du PT, qui y voit un «réajustement structurel» non assumé publiquement. Les conséquences, dit-elle, seront graves sur la stabilité du pays. «Le gouvernement ne compte pas ouvrir de nouveaux postes budgétaires et il sera procédé au remplacement de trois retraités par un seul poste. Si cette décision venait à être appliquée, elle constituerait un réajustement structurel très dangereux», avertit Mme Hanoune, persuadée que ce type de décision «pourrait ébranler la ressource humaine et les institutions de l'Etat». La secrétaire générale du PT met d'ailleurs en garde contre le gel des projets dans les Hauts-Plateaux et le Sud. Des décisions qui, selon elle, sont prises au moment où la gestion des deniers publics est toujours basée sur le siphonage alors que ni l'APN ne peut effectuer ses missions de contrôle, ni la Cour des comptes n'est en mesure de jouer son rôle faute de moyens humains. «Si on doit récupérer de l'argent, il ne faut pas le faire sur le dos du petit peuple, mais à travers l'impôt sur la fortune et en mettant fin au siphonage des deniers publics…» Par ailleurs, Mme Hanoune constate une sorte de transfert du pouvoir vers l'oligarchie. Une oligarchie qui veut mettre la main sur les parties influentes et l'exemple le plus édifiant est la nomination d'un nouveau directeur général de l'ANEP qui était, auparavant, directeur du quotidien Le Temps d'Algérie, un journal appartenant au groupe Haddad. «Cette nomination pose la problématique de l'indépendance de la presse. Si l'oligarchie se met à gérer la publicité, cela signifierait que la presse privée ne pourra plus conserver son indépendance et sa ligne éditoriale ; l'avenir de la liberté de la presse serait menacé avec une mise au pas à craindre», affirme Louisa Hanoune, qui dit soutenir le privé traditionnel et non parasitaire et que l'objectif de son parti est d'opérer la rupture avec le parti unique.