Comme à chaque ramadhan, le pain traditionnel, appelé plus communément el-matloû, kesrâ, khobz-el-frina, Khobz-el-zraâ, inonde les rues et ruelles des souks de la ville. Ce pain, confectionné à la maison, prend de plus en plus le pas sur le pain du boulanger. Très prisée, cette galette ronde faite à base de semoule fait saliver le jeûneur. Ce «pain maison», fait parfois aussi par des mains d'hommes, se présentant sous plusieurs formes, compositions et céréales parlant, est écoulé très facilement. Dans tous les coins des marchés de la ville de Béni-Saf, enfants, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, s'adonnent à ce petit métier de vendeur de pain traditionnel. Ce commerce à la sauvette, aussi fructueux, meuble aussi bien des espaces publics que les épiceries. Et comme partout ailleurs, sa vente fait bonne recette à Béni-Saf. Ce commerce semble même imposer une certaine concurrence entre vendeurs ou revendeurs quand certains se sont déjà fait une certaine «étiquette». Au centre-ville, à Ennahda ou à Bouhmidi, pour ne citer que ces quartiers, des revendeurs proposent à la vente des galettes, parfois encore chaudes, à partir de 35 dinars. «Moi, dira Safi, un marin-pêcheur, le soir, si je n'ai pas une «khobza» sur ma table, c'est comme si mon repas n'aurait pas de goût». Avant d'être relayé par son compagnon «Et ce n'est pas n'importe quel pain, moi par contre, je sais où m'approvisionner (citant le nom de la vieille femme installée tout près)». C'est pour dire que le «pain maison» trône comme une star sur toutes les «maïdate» des saïmin (jeûneurs) pendant le mois de Ramadhan. Quoi qu'il serait bien de connaître dans quelles conditions d'hygiène ces pains sont préparés. Et comme dirait l'autre, tout un chacun est «guidé» par ses appétences de jeûneur. Il arrive qu'un jeûneur rentre le soir chez lui avec plusieurs pains de différentes formes et compositions qu'il a achetés sans faire attention, juste par goût «imaginé» de jeûneur.