Le président Abdelaziz Bouteflika, dans un long discours à l'occasion de la fête de l'indépendance nationale, a confirmé d'abord qu'il ira jusqu'au bout de son mandat, mais qu'il sera dorénavant plus à l'écoute de l'opposition qu'il a, en quelque sorte, «réhabilitée». Il a également abordé plusieurs thèmes d'actualité dont la phase économique difficile actuelle et le fléau de la corruption et le terrorisme. Mais, sans conteste, son discours à l'occasion du 5 juillet aura été «une main tendue» à l'opposition. Bouteflika a ainsi appelé l'opposition comme la majorité présidentielle à nouer en quelque sorte un «deal» pour sortir l'Algérie de la crise actuelle, et renforcer la démocratie. Il a appelé l'opposition à tirer les leçons des années de terrorisme, «pour nourrir notre pluralisme politique, associatif et syndical, de joutes nobles autour de programmes alternatifs». Pour lui, «le peuple algérien a besoin de connaître les propositions alternatives prétendant améliorer son devenir, et saura ensuite choisir souverainement lors des rendez-vous électoraux de la République». Autrement dit, il suggère à l'opposition de rester dans son rôle, et de respecter «la déontologie démocratique», allant jusqu'à lui témoigner sa considération. «C'est-là le message que j'adresse ( ) à la classe politique du pays, et au premier chef, aux acteurs de l'opposition à laquelle j'exprime ma considération», a-t-il souligné avant d'expliquer que «dans le respect de la déontologie démocratique, l'opposition est dans son rôle, tout comme sera dans son rôle la majorité qui a porté mon programme durant la campagne électorale et à laquelle il revient de le promouvoir aujourd'hui dans le cadre du débat démocratique, pour semer l'espoir et pour soutenir l'effort». Le discours du président semble ainsi évoluer, allant jusqu'à reconnaître à l'opposition, qui a demandé son départ pour cause de santé, un rôle positif dans la construction de la démocratie en Algérie. Et, dans la foulée, il confirme qu'il mènera son mandat présidentiel jusqu'au bout. Il a expliqué à ce propos que «vous avez été nombreux à m'interpeller pour que je poursuive la mission dont vous m'aviez déjà honoré trois fois. J'ai répondu à cet appel, acceptant ce sacrifice, malgré ma condition physique actuelle ( ), je m'attellerai à accomplir ce devoir avec l'aide de Dieu, conformément au mandat que m'a confié la majorité de notre peuple». Sur la constitution, il a par ailleurs confirmé que ce projet sera également mené à son terme. Il a affirmé ainsi que «la consolidation de l'Etat de droit se poursuivra au fil des réformes qui seront d'ailleurs confortées dans tous les domaines par la révision de la constitution». Le projet de constitution est, a-t-il relevé, «en phase de finalisation ultime». Sur le terrorisme, il a notamment rappelé qu'il «y a quelque années seulement, l'Algérie, son peuple et sa démocratie ont très chèrement payé le prix des discours populistes, de la démagogie et du défi à la loi». PHASE CRITIQUE Par ailleurs, le président Bouteflika est longuement revenu sur la phase économique et sociale actuelle, marquée par une chute des cours du brut, une situation qui a obligé le gouvernement à envisager un plan de bataille anti-crise. «L'Algérie est aujourd'hui confrontée à un effondrement des cours des hydrocarbures. Cela affecte les revenus extérieurs de l'Etat et nécessitera une rationalisation accrue dans la gestion des finances publiques, pour traverser cette perturbation économique mondiale», suggère le président Bouteflika. Pour autant, le président rassure que «le développement national progressera encore, année après année. Les programmes publics de développement en cours permettront de répondre aux besoins de nos compatriotes en logement, en santé ou en formation». Mieux, «la mobilisation des capacités économiques publiques et privées, conjuguées avec l'apport du partenariat extérieur, apporteront aussi des réponses à la demande d'emploi, dans tous les secteurs, à travers tout le pays et notamment au profit des jeunes». Autre volet d'importance dans le discours du chef de l'Etat, la corruption. Pour le président Bouteflika, «il importe de dire que l'Algérie n'est pas un champ de prédilection de la corruption», même s'il reconnaît que «ce fléau s'est malheureusement infiltré dans notre pays, mais il est aussi combattu sévèrement avec le glaive de la loi». Enfin, il a souligné que «l'Algérie n'est pas et ne sera pas un espace d'injustice ou d'exclusion sociale», relevant que «la politique publique de développement s'étend à toutes les contrées du pays, et les transferts sociaux à partir du budget de l'Etat sont d'un niveau incomparable dans le monde entier».