La situation reste tendue, dans la vallée du M'zab, alors que le spectre de la violence et des affrontements, entre communautés ibadites et malékites, a repris, au cours de ces trois derniers jours, à Ghardaia, Guerrara et Berriane, faisant trois morts et des dizaines de blessés, selon un bilan provisoire. Le danger d'un embrasement de la région est là, et les efforts pour ramener le calme semblent, pour le moment, inefficaces. Hier, mardi, dans la matinée, a été annoncé le décès de trois personnes, blessées dans les affrontements enregistrés dans la nuit de lundi à mardi, à Guerrara, à quelque 120 km au nord-est de Ghardaïa. Selon sa famille, une des victimes était âgée de 22 ans, et avait été grièvement blessée par un projectile. Transportée à l'hôpital de Guerrara dans un état critique où son pronostic vital était engagé, la victime de ces «énièmes»' bagarres ethniques, a succombé à ses blessures, ont, également, confirmé des sources hospitalières. Par la suite, deux autres victimes de ces affrontements, ont été enregistrées. Celles-ci âgées de 30 et 40 ans, ont été grièvement blessées par des projectiles lancés par des inconnus. Elles ont succombé à leurs blessures lors de leur transfert, l'une à l'hôpital de Berriane et l'autre à celui de Ghardaïa, selon les mêmes sources. Il s'agit des premiers décès enregistrés, lors de la reprise des affrontements nocturnes entre des groupes de jeunes dans la localité de Guerrara, lundi soir, après les prières des Taraouih'. Les bagarres, à coups de pierre et d'objets divers, ont été, également, accompagnées d'incendies d'habitations, de magasins et de véhicules, ainsi que des champs et d'édifices publics et administratifs de la ville, à majorité ibadite. Des dizaines de protagonistes ont été blessés durant ces affrontements, que les forces de police anti-émeutes s'efforçaient de disperser par des jets de grenades lacrymogènes. Dans la journée d'hier mardi, les mêmes scènes de bataille rangée étaient enregistrées entre des groupes de jeunes à Berriane. Ces affrontements à Berriane et Guerrara, deux villes à majorité ibadite, interviennent, au lendemain de la reprise des affrontements dans la vallée du M'zab, notamment dans ces deux villes. Ces affrontements ont fait, dans la nuit de samedi à dimanche, une dizaine de blessés dont deux grièvement. Selon un élu, ces incidents ont éclaté dans la soirée de samedi et se sont poursuivis, dimanche, au petit matin, dans les quartiers de Kef Hamouda et Baba Saad à Berriane, par des jets de pierres et de cocktails Molotov' sur des passants, et caillassages de véhicules par des jeunes non identifiés. Les protagonistes se sont, ensuite, pris aux forces de l'ordre, dépêchées sur les lieux pour les disperser et ramener le calme dans la ville, les attaquant à l'aide de cocktails Molotov', selon une source locale. Dans la nuit de dimanche, les affrontements ont repris dans les quartiers de Kef Hamouda et Baba Saad, obligeant les forces de l'ordre à riposter en usant de gaz lacrymogènes. A Ghardaïa, les mêmes incidents ont été, également, enregistrés, avec des heurts entre jeunes, dans plusieurs quartiers de la ville où des groupes de jeunes non identifiés, à l'aide de pierres et de cocktails Molotov', ont rouvert les hostilités dans les quartiers de Melika et Sidi Abaz, selon des témoins. Déployées en force, les brigades de police anti-émeutes avaient été appuyées par des unités d'intervention de la Gendarmerie nationale. Les bus et les voitures qui traversaient les tronçons de routes proches de ces deux quartiers de Ghardaïa avaient été caillassés. Les notables de la vallée du M'zab ont réagi en appelant les pouvoirs publics à mettre un terme à cette situation, et exhorté la population au calme et à la «sagesse». BEDOUI PREVIENT Pour autant, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Noureddine Bedoui avait averti, jeudi dernier, que ces incidents, qui nuisent à la sécurité publique ne sauraient être tolérés. Il a rappelé, lors de son déplacement à Ghardaïa que l'Etat veillerait à l'application «rigoureuse» de la loi contre tous ceux qui «s'avisent de porter atteinte à l'ordre public ou compromettre l'avenir de cette wilaya». «Je rappelle que nous agirons avec rigueur, dans le cadre des lois de la République, avec ceux qui attisent la fitna' et la discorde», a-t-il prévenu, durant une rencontre avec les membres de la société civile, des élus et des notables de la wilaya de Ghardaïa. M. Bédoui a ajouté qu' «aucune complaisance n'est tolérée avec quiconque s'avise d'attenter à la sécurité de nos enfants et nos frères à Ghardaïa ou de compromettre l'avenir de la région». Il s'est déplacé à Ghardaïa pour installer la Commission interministérielle chargée de ramener le calme et l'ordre dans la wilaya. Cette «Haute Commission de développement et de réconciliation», au profit des Ghardaouis, se réunit, une fois par mois, à Ghardaïa ou à Alger, a précisé M. Bedoui soulignant que la Commission «oeuvrera dans le cadre d'une approche inclusive, visant à réaliser, en premier lieu, la sécurité et la stabilité et à imprimer une dynamique de développement, à Ghardaïa, outre le suivi de l'application des décisions prises en faveur de la wilaya». Les événements de ces derniers jours à Ghardaïa, Berriane et Guerrara ont éclaté, cependant, après l'installation de cette commission et l'on se demande pourquoi ?