L'Algérie organise une Conférence internationale sur l'extrémisme violent et la dé-radicalisation, en vue (entre autres objectifs) de « sensibiliser la Communauté internationale pour aider les pays du Sahel à disposer de moyens pour lutter contre le terrorisme». La précision d'un tel objectif a été faite, hier, par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, lors de la présentation du canevas de la Conférence internationale qu'Alger prévoit d'organiser, les 22 et 23 juillet prochains, à l'hôtel Sheraton'. Abdelkader Messahel affirme que «la question des capacités des pays du Sahel, pour lutter contre le terrorisme est fondamentale, la profondeur stratégique de la conférence est déterminante, c'est la recherche d'appuis internationaux pour que ces pays disposent de moyens élémentaires pour lutter contre le terrorisme». Il rappellera que «l'Algérie a, à cet effet, des programmes bilatéraux (échanges d'informations, équipements)». La question des réseaux sociaux, notamment, ceux de propagandes extrémistes dont un grand nombre est domicilié aux Etats-Unis, sera, grandement, débattu dans les ateliers prévus par la conférence. La dé-radicalisation est, disent les organisateurs de la Conférence internationale «une nouvelle approche que l'Algérie a mis en œuvre et qui a, sensiblement, contribué à l'affaiblissement des groupes terroristes, à discréditer leurs discours et idéologies extrémistes et à leur rejet par la population et à l'assèchement de leurs sources de recrutement.» Ce qui laisse Messahel dire «l'Algérie a multiplié les approches parce qu'elle a compris que le tout répressif ne suffit pas». Il explique que «l'extrémisme violent» au risque de faire un pléonasme, «est un concept consacré par les Nations unies qui ont, aussi, développé ceux de l'islamophobie et de la xénophobie.» Ces deux derniers concepts sont, dit-il, «considérés par l'Algérie comme étant de l'extrémisme violent.» Pour le ministre «l'Algérie a vaincu le terrorisme, elle a atteint une étape, totalement, différente de celle des années 90 mais la vigilance est présente, le terrorisme n'est pas facile à éradiquer.» En adoptant l'approche de la dé-radicalisation, l'Algérie s'emploie, selon Messahel, à «lutter contre l'extrémisme violent et la radicalisation mais, aussi, à les prévenir et à les traiter.» Le ministre est convaincu que «la (bonne) gouvernance et la démocratisation des sociétés sont deux facteurs réels de dé-radicalisation». Il estime que «la démocratisation doit être basée sur des règles et des normes universelles, l'acceptation de l'autre, en éloignant l'exclusion et l'exclusif». Le tout permettra, affirme-t-il «la construction d'un Etat capable, au sens le plus noble du terme, qui fait de la préservation des droits de l'Homme, des règles en économie et autres sociales, les fondements de sa politique de dé-radicalisation.» Interrogé sur la nature des limites à tracer entre la lutte contre le terrorisme que des pays doivent mener et l'instrumentalisation des groupes terroristes, par des pays qui défendent des intérêts sur la base de schémas géostratégiques machiavéliques, Messahel répondra «l'Algérie est consciente qu'il y a des agendas, des intérêts géostratégiques, on doit s'en prémunir». Ce qui le poussera à rappeler que «l'Algérie défend des principes qui lui sont très chers comme la non ingérence dans les affaires internes des Etats, la préservation des indépendances des pays, nous avons beaucoup donné, dans ce sens, nous sommes sollicités parce que nous sommes à équidistance avec des intérêts géostratégiques». Le ministre évoquera alors la Libye et lance «il y a beaucoup qui veulent nous pousser à aller au-delà et intervenir en Libye, par exemple, mais nous savons quand une intervention militaire commence mais jamais quand elle se termine, généralement les interventions militaires sont des catastrophes». Son propos pour conclure «l'Algérie, en tant que force militaire est restée intacte, beaucoup de pays ont vu leurs armées disloquées, l'armée algérienne est restée fidèle à son principe, la défense nationale».