Hier, samedi 12 septembre, il y a eu des tirs «amis» sur les prix de pétrole, toujours au plus bas en fin de semaine à 44,63 dollars à New York et 48,14 dollars le baril à Londres. Les deux sorties médiatiques donc sont venues d'Ahmed Ouyahia, qui a repris son habit de patron du RND, et pour la seconde du nouveau patron de Sonatrach, Amin Mazouzi. Si les recettes pétrolières algériennes sont au plus mal depuis une année sur le sillage de la chute inexorable des cours, et une perte de 34,24 milliards de dollars des réserves de change, Ouyahia reste calme. Pour lui, le pays dispose d'une marge de sécurité qui lui permet d'éviter l'endettement extérieur. Il a même ajouté lors d'une conférence de presse que le président ne veut pas entendre parler d'un recours à l'endettement extérieur pour financer l'économie nationale. Et il sort, comme à chaque fois qu'il fait une sortie médiatique, de son chapeau cette affirmation que l'économie algérienne est diversifiée avec 30% pour les hydrocarbures, 10% pour l'agriculture, 5% pour l'investissement et 30% pour les services. Et, si l'on suit cette logique, avec 0% pour l'industrie, c'est à dire que ce secteur n'existe pas pour Ouyahia. Quant au patron de Sonatrach, il estime, à travers un entretien à l'APS, que la chute des cours n'est pas une entrave à la poursuite des investissements dans l'amont pétrolier. Mieux, il confirme que son groupe va poursuivre ses investissements, en les orientant cependant vers les projets les plus rentables, et qui doivent également améliorer le taux de récupération des réserves prouvées des gisements de Hassi Messaoud et Hassi R'mel. L'optimisme de ces deux personnalités, politique et économique, est, par contre, passablement perturbé par l'état actuel du marché pétrolier qui subit de plein fouet la guerre que se livrent par marchés interposés les pays membres et non membres de l'OPEP. Car il ne faut pas se voiler la face, l'Algérie est dans le mauvais camp, un groupe mené de force par l'Arabie saoudite, qui mène une sale guerre des prix sur le marché pétrolier. Pour sauver ses parts de marché, Riyad a en effet refusé d'entendre parler de toute réunion de l'organisation, appuyée du bout des lèvres par les autres producteurs non Opep, pour stopper le pompage à tout-va de brut. Car l'Arabie saoudite avec son quota Opep, se doit de pomper le plus du fait que son pétrole est le plus mauvais qualitativement (du pur goudron avec des opérations de raffinage coûteuses). Cette situation a amené l'Agence internationale de l'Energie (AIE) à pronostiquer que la chute des cours du brut va se répercuter en 2016 sur la production pétrolière des pays non Opep en particulier aux Etats-Unis et en Russie. La coûteuse production de pétrole de schiste devrait baisser. Cette tendance devrait ainsi fouetter la reprise de la demande de brut, qui sera cependant plus le résultat de la baisse des cours qu'une improbable reprise de la croissance économique mondiale. En clair, le marché pétrolier restera encore atone, et il est plus qu'urgent de trouver dans les trois à quatre prochaines années des alternatives gagnantes aux exportations d'hydrocarbures, les réserves de change actuelles (159,02 milliards de dollars) ne permettant qu'un répit de quelques années avant, si la situation ne change pas, d'envisager sérieusement d'aller vers un endettement extérieur. Ce qui, en l'espèce, n'est pas «mortel», des pays y ont recours en temps de crise, mais devrait au contraire stimuler «un miracle»algérien.