Comment s'intégrer et se conformer à la chaîne des valeurs internationales ? C'est là la grande question pour laquelle se réunit le CNES avec des experts économiques et politiques depuis hier et à laquelle une tentative de réponse est attendue. S'agit-il d'une énième sérénade à l'adresse d'une population sérieusement perturbée par la perspective de lendemains porteurs de tous les dangers ? Sans doute. Le mal est connu. Son remède aussi. La littérature économique a fait son temps et le décalage de la société algérienne avec les normes élémentaires universelles est si large que les replâtrages, aussi savants soient-ils, ne suffiront pas à déraciner un mode de vie devenu le dogme d'une vie de tout un peuple. S'affairer dans l'urgence et dans la contrainte à juguler le mal profond par ce qui apparaît comme une mise en scène politicienne ne saurait résoudre une dangereuse situation dont pourtant tout le monde mesure la gravité. Il est encore davantage douloureux quand chacun, quels que soient son rôle et sa place dans la société, sait les sources du mal et connaît la prescription à adopter pour que l'Algérie intègre le cadre de la normalité. Ce que l'on est et ce que l'on devrait être est dans la conscience de tous. La phénoménale empreinte du fatalisme s'incruste toujours dans les récriminations généralisées dans la bouche de tous. Y compris dans celle de ceux qui nous gouvernent qui une fois débarqués des tribunes s'initient par des joutes oratoires à dénigrer leur lourde responsabilité passée. Mieux, même quand ils restent assis sur leurs trônes et l'ombre des murs indiscrets, ils retrouvent l'objectivité du verbe acerbe pour décrier le virtuel d'une marche forcée d'un peuple vers un fossé imparable. Les évidences sont certes parfois trompeuses. Remettre le pays sur des rails sensés n'est pas aisé, tant est que les responsabilités dans sa faillite sont partagées. A des degrés variés. Chacun à la mesure de sa fausse croyance, de sa vanité et son égoïsme ou de sa démission, la majorité crédule ayant adhéré aux promesses des piètres prophètes. Le Conseil national économique et social n'en est assurément pas un. Mais les prophéties qu'il élabore depuis hier s'avéreront de simples touches sur un violon accordé tant que le smicard algérien reste convaincu que le mouton qu'il est vaut bien le plus incongru des sacrifices.