Au-delà de son aspect purement religieux, le pèlerinage à La Mecque reste une affaire de gros sous ; 6.4 milliards de dollars engrangés par les Saoudiens en 2014 ; mais pas que. En effet, le régime wahhabite qui gère, sans en rendre compte, le cinquième pilier de l'islam en a fait un moyen de pression où le politique et la guerre pour le leadership ne sont jamais loin. Adepte d'un islam rigoriste, véritable idéologie pour les takfiristes qui ont mis le monde musulman à feu et à sang, l'Arabie Saoudite n'hésite pas à exporter sa vision de la religion, finançant, sans calcul, des groupes armés radicaux qui guerroient en terre de l'Islam. Fuyant à chaque drame ses responsabilités, Ryad trouve toujours une échappatoire et des excuses, difficilement acceptables par les pays dont les ressortissants sont tués à chaque hadj. Cette année, c'est un double drame qui a endeuillé le monde musulman puisque à trois jours du début du pèlerinage, une grue s'affaisse dans la Grande Mosquée de La Mecque tuant plus de 100 pèlerins. Les mauvaises conditions météo sont montrées du doigt avec en prime une promesse d'ouverture d'une enquête interne. La tragédie de Mina où 717 hadjis ont péri a encore trouvé une excuse impensable. Pour le royaume wahhabite, les responsables sont ces pèlerins qui ne respectent pas les consignes de sécurité, accusant même les Iraniens d'être derrière ces morts. Joseph Goebbels, le Monsieur propagande de Hitler, disait que plus le mensonge est grand, plus il passe et les Saoudiens s'en inspirent parfaitement puisqu'ils imputent ce terrible accident à l'indiscipline des hadjis alors qu'un tout autre scénario fait actuellement le tour des réseaux sociaux où la responsabilité des autorités saoudiennes est amplement engagée. En effet, un cortège VIP présent sur les lieux serait derrière cette catastrophe, venant en sens inverse, obligeant les pèlerins à interrompre leur marche. 717 morts de plus pour un pèlerinage qui fait de plus en plus polémique au sein des pays musulmans qui demandent un droit de regard sinon une alternance dans la gestion des Lieux saints sous la coupe d'un régime qui, sur deux siècles, a rasé tous les sites historiques datant de l'époque du prophète Mohamed et de ses compagnons. La Mecque n'appartenant pas exclusivement aux Al Saoud, les musulmans du monde entier ont le droit et le devoir de demander des comptes à un pays où, si l'on croit l'Institut du Golfe, basé à Washington, jusqu'à 95% des bâtiments historiques millénaires de La Mecque ont été détruits, pour être remplacés par des hôtels de luxe, appartements et centres commerciaux. Sans évoquer les frasques des dirigeants saoudiens ni leurs alliances malsaines ni leurs crimes de guerre au Yémen, il est plus que nécessaire d'engager une réflexion profonde sur la gestion du pèlerinage.