Le drame de La Mecque fait la une des médias internationaux depuis hier. Ceux des monarchies du Golfe essayent de minimiser les conséquences en mettant en exergue le comportement des hadjis. D'autres critiquent ouvertement les autorités du royaume wahhabite. Ainsi, la presse saoudienne reprend les déclarations des officiels, tout en insistant sur l'annonce de la création d'une commission d'enquête. Le quotidien saoudien basé à Londres, Al-Shark al-awsat, titrait hier matin sur une déclaration du roi Salmane ben Abdelaziz : "Nous ne nous arrêterons pas d'améliorer la saison du hadj." Une manière d'essayer de passer à l'après-bousculade tout en insistant sur les coupables autodésignés par les responsables saoudiens : les pèlerins, eux-mêmes, accusés de ne pas avoir respecté les consignes. L'attitude des autorités wahhabites n'a pas laissé indifférent Abdel Bari Atwan, ex-directeur d'Al-Qods el-arab et actuel directeur de la rédaction du journal électronique Raialyoum.com. L'analyste palestinien a fustigé, dans sa chronique de jeudi, les princes saoudiens "qui brillent par leur manque de compétence, par leur mauvaise gestion, par leur outrecuidance". Le responsable de Raialyoum.com terminera son édito par un appel aux musulmans du monde entier. "Nous devrons leur demander des comptes, aussi haut placés que soient ces responsables. Il est grand temps que ce genre de drame cesse et que La Mecque devienne un lieu sûr", a-t-il indiqué. La tragédie a également ravivé la rivalité entre le royaume wahhabite et la République islamique des mollahs. Certains médias saoudiens n'ont pas hésité à accuser les iraniens d'être les responsables de la bousculade. Le journal saoudien Al Sabq (sabq.org) est l'un d'eux. Il s'est appuyé sur des "témoignages" selon lesquels des pèlerins iraniens auraient refusé de respecter les directives des organisateurs et c'est cela qui a dégénéré en énorme bousculade. Une situation, qui, selon le même journal, expliquerait le nombre important de victimes (90) parmi la délégation des hadjis venus de l'ex-empire perse ! En face, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le site francophone de la République islamique francophone.sahartv.ir a riposté par un article, publié hier sur la page d'accueil de son site, intitulé : "Riyad accuse les pèlerins iraniens !!!" Tout en dénonçant "la campagne d'intoxication éhontée" de la presse saoudienne, le journal électronique lance de son côté d'autres accusations. "Les autorités saoudiennes empêchent le Croissant-Rouge iranien de porter assistance aux blessés iraniens et aux non-iraniens du drame de Mina", est-il indiqué dans l'article. Le site iranien indiquera, également, que "le monde musulman est, depuis hier, sous le choc, et les personnalités arabes sont nombreuses à mettre en cause la compétence des Al-Saoud et réclament le jugement des responsables de ce terrible drame". À Londres, le quotidien The Guardian est revenu sur la tragédie avec un article de son rédacteur en chef du service Moyen-Orient, Ian Black. Ce dernier choisit comme titre une déclaration d'un des hadjis : "Ce n'est pas mon premier pèlerinage, mais c'est mon dernier." Une accusation, à peine voilée, envers les autorités saoudiennes. S. K.