Le projet d'aménagement du site de l'ancienne décharge d'El-Kerma a-t-il été abandonné ? «Non, jamais», répond le directeur de l'environnement de la wilaya, Mohamed Mekakia. « Le dossier est entre les mains du ministère. Il s'agit d'un projet centralisé, à moins que la tutelle ne décide de sa décentralisation par la suite », ajoute le même responsable. Ayant défrayé la chronique du développement local en 2012-2013, ce projet à double vocation « aménagement urbain » et « écotourisme », qui figurait en bonne place sur la nomenclature des opérations structurantes de la métropole d'Oran, est quasiment jeté aux oubliettes ces derniers temps, du moins en termes d'actualité locale. Les pouvoirs publics auraient-ils mis une croix dessus dans un contexte de plus en plus aigu de rationalisation budgétaire ? Le directeur local du secteur de l'environnement se veut rassurant quant à la « pérennité » de ce projet, précisant qu'il est actuellement géré au niveau central. Cette gestion centrale, alors que la procédure techno-administrative s'est faite localement depuis la genèse d'idée jusqu'à l'étude, expliquerait en grande partie ce déclin, en termes de débat et de publicité institutionnels, de ce projet déjà doté d'une enveloppe financière de 2 milliards de DA du Fonds national de l'environnement relevant du ministère de ce secteur. Autant dire que le responsable local, quoiqu'il se force d'être optimiste et positiviste, n'est en vérité plus en mesure de se prononcer quant à la suite qui sera donnée à ce projet, dont l'étude confectionnée par un BET tunisien avait été ficelée et approuvée au niveau du ministère. En attendant une décision officielle, le projet reste pour l'heure figé à l'état de maquette et d'icône sur le site web de la wilaya. Or, on peut certes mettre au compte des bonnes décisions locales la fermeture définitive depuis quelques années déjà de cet immense dépotoir sauvage et la désinfection -partielle à tout le moins- du site sur le sol duquel jonchaient quelque 7 millions de mètres cubes de déchets en horizontal et en vertical (sur 85 ha de superficie, avec des « montagnes » d'ordures de plusieurs mètres de hauteur). Le projet de réhabilitation du site avait été présenté, en milieu de l'année 2013, au siège de la wilaya, par un bureau d'études tunisien, lors d'une réunion de l'exécutif présidé par l'ex-wali d'Oran, Abdelmalek Boudiaf. « Ce projet vise à améliorer le cadre de vie des riverains et la valorisation de ce site à court et moyen termes », avait précisé le directeur de l'environnement, qui avait mis en exergue « la nécessité de dépolluer le site pour éliminer toutes ses nuisances ». « Le site sera réintégré dans le paysage immédiat afin de lui donner une vocation éco-touristique et une valeur ajoutée en terme d'aménagement », avait soutenu pour sa part le wali. Il n'est un secret pour personne que la décharge d'El-Kerma a toujours constitué une menace pour l'environnement, notamment en raison de la pollution des eaux de la Sebkha. Le projet du bureau d'études tunisien a mis en avant la nécessité de réaliser une digue de protection ainsi qu'un écran végétal. Des équipements de loisirs et la plantation de végétations adaptées ont été recommandés pour cette opération de reconversion de cette décharge. L'étude prévoit aussi la réalisation d'une clôture de 1.600 m de long et de 2 m de haut. Pour les travaux de terrassement, il sera procédé au reprofilage et au compactage des déchets, la couverture de ces déchets par une couche de remblais de 70 cm, une couverture de 30 cm de terre végétale. Il est également projeté la mise en place d'une digue de protection de 2.750 m de long et d'une hauteur de 1,5 m, ainsi que 3 m de large, et ce pour la séparation des tas de déchets et de la Sebkha. Pour l'assainissement des eaux pluviales, il est envisagé la réalisation d'une protection contre les eaux extérieures : fossés de drainage sur 1300 m de long et ouvrages spéciaux (décharge, rejet) ainsi qu'un réseau de drainage.