Projet du nouveau Palais des expositions: Ghrieb s'enquiert de l'avancement des travaux    L'Algérie remet le ressortissant espagnol libéré aux autorités de son pays    En qualité d'Envoyé spécial du président de la République, Saihi arrive à Victoria    Cisjordanie occupée: martyrs et blessés dans une opération sioniste d'envergure à Jénine    L'entité sioniste pourrait commettre un génocide en Cisjordanie similaire à celui de Ghaza    Le ministère de l'Education nationale n'a pris aucune mesure d'interdiction des cours de soutien    Le rôle du président de la République dans la fédération des efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique hautement salué    M. Belmehdi préside l'ouverture de la 20e édition du Concours international du Prix d'Alger de récitation et de psalmodie du Saint Coran    Alliance Algérie-Europe pour l'hydrogène vert    L'Agence internationale de l'énergie (AIE) s'attend à des marchés tendus cette année    L'entité sioniste a perdu la guerre    L'ADN de la classe politique ukrainienne (Partie III)    Emergence d'une forte avance chinoise dans ses capacités de guerre aérienne    Le dialogue au lieu de la confrontation    Saâdaoui met en place la Commission nationale d'évaluation du niveau scolaire    Réhabilitation et mise en valeur des espaces verts    81 foyers raccordés au gaz naturel à Brabria    Le Général d'Armée Saïd Chanegriha reçoit le chef des Forces de défense populaire ougandaises    Générale de la pièce «Ech'Chabih»    Renforcement des mécanismes de financement, amélioration du cadre réglementaire et formation parmi les recommandations phares    Lancement de travaux d'aménagement de monuments historiques et de cimetières de chouhada    Conseil de la nation : le groupe de travail chargé de l'examen des avant-projets de loi relatifs aux partis politiques et aux associations achève ses travaux    Muay thaï : L'Algérien Anane défie l'Ecossais Carrillo le 24 janvier    Du foot aux couleurs africaines    Tennis : Installation d'une commission d'homologation des infrastructures    Le texte de loi relatif à la protection des personnes à besoins spécifiques renforce les mécanismes de prise en charge de cette catégorie    Le président de la République reçoit les membres du Bureau du Conseil supérieur de la jeunesse    Renouvellement des fédérations 2025-2028: des femmes à la tête de cinq instances sportives    Poste et Télécommunications: lancement d'un concours pour le recrutement de 476 employés    Une délégation parlementaire inspecte des sites touristiques et archéologiques à Timimoun    Formation professionnelle: plus de 4.000 nouveaux postes pédagogiques offerts pour la session de février 2025 à Tébessa    Cyclisme/Tour de Mauritanie 2025 : la sélection algérienne à pied d'œuvre à Nouakchott    CAN 2025: le tirage au sort le 27 janvier    Clôture des travaux du colloque national sur la sécurité de la mémoire nationale    Journée nationale de la Commune    Caravane de formation sur les opportunités d'investissement et d'entrepreneuriat au profit des jeunes        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Comment faire face aux bulles financières ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 10 - 2015

LONDRES - Peu après que l'on ait pris conscience de l'amplitude de la crise financière de 2008, on a débattu sur la question de savoir si les banques centrales et les régulateurs n'auraient pas pu et n'auraient pas dû faire plus pour la contenir. Selon le point de vue traditionnel, notamment celui d'Alan Greenspan, le précédent président de la Réserve fédérale américaine, toute tentative de faire éclater préventivement une bulle financière est vouée à l'échec. Les banques centrales ne peuvent faire mieux que réparer les dégâts.
Faire éclater une bulle risque d'étouffer inutilement la croissance - et avoir un coût social élevé. Mais il existe un contre-argument. Les économistes de la Banque pour les règlements (BRI) internationaux estiment que le coût de la crise était si élevé, et la sortie de crise si longue qu'il faut maintenant chercher une autre voie pour réagir aux premiers signes de formation d'une bulle des liquidités ou du crédit dont l'éclatement peut être lourd de conséquences.
C'est ce qui explique la divergence d'idées (exprimée de manière feutrée et courtoise) qui s'est manifestée lors de l'assemblée générale du FMI qui vient d'avoir lieu Lima. Pour les amateurs de littérature, cela rappelait Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Gulliver se trouve pris dans une guerre entre deux tribus dont l'une estime qu'il faut ouvrir un œuf à la coque par son extrémité la plus fine, tandis que l'autre estime qu'il faut l'ouvrir par le gros bout, ce qui permet de faire passer plus facilement une cuillère. Le débat n'a guère évolué depuis 2008. Néanmoins, la trousse à outils des décideurs inclut désormais la régulation macroprudentielle : les exigences en fonds propres pour les banques peuvent varier en fonction du cycle financier. En période de forte expansion du crédit il peut être judicieux d'accroître cette exigence à titre de protection contre le risque majoré de la contraction qui pourrait suivre. Cette augmentation peut être supérieure à ce que pourrait dicter une supervision microprudentielle (l'évaluation des risques propres à chaque institution). C'est réalisable, car les nouveaux accords de Bâle permettent d'exiger des banques de maintenir un capital tampon contre-cyclique supplémentaire.
Cette idée est désormais largement acceptée, mais qu'en est-il du recours à l'arme de destruction massive qui consiste à faire éclater une bulle ? Est-il justifié d'augmenter les taux d'intérêt face à un boom du crédit, alors que le taux d'inflation est peut-être inférieur à sa valeur cible ? Et faut-il fixer aux banques centrales un objectif précis en matière de stabilité financière, indépendamment de celui qu'elles ont en matière d'inflation ?
Jaime Caruana, directeur général de la BRI et ancien gouverneur de la Banque d'Espagne a répondu positivement à ces questions. Lors de la rencontre de Lima il a affirmé que le "principe de séparation" qui veut que la stabilité financière et la stabilité monétaire relèvent de deux agences différentes qui adoptent des politiques différentes a perdu toute utilité. Ces politiques ont naturellement des effets l'une sur l'autre, mais selon Caruana on connaît suffisamment d'éléments sur l'instabilité financière pour prendre des mesures préventives : nous en savons autant sur les bulles que sur l'inflation et il faut reconnaître explicitement que les banques centrales doivent agir sur les taux d'intérêt pour des raisons autres que le contrôle à court terme de l'évolution des prix à la consommation.
Lors de la réunion de Lima, la contre-attaque traditionaliste est venue de Benoît Coeuré de la Banque centrale européenne. Pour lui, le mandat d'une banque centrale doit être simple, de manière à ce qu'elle puisse expliquer facilement sa politique et en assumer la responsabilité. Il est préférable selon lui que les banques centrales adhérent au principe de séparation des politiques de stabilité financière et monétaire "qui nous simplifie la vie". "Nous ne voulons pas d'un ensemble d'objectifs complexe".
Pour Coeuré, il est trop difficile de maintenir la stabilité financière. Même une réglementation macroprudentielle est à ses yeux d'une valeur douteuse : les superviseurs devraient se limiter à contrôler des institutions précises et laisser les mesures macroprudentielles aux "adultes".
Nemat Shafik qui occupe l'un des postes de vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre a essayé d'adopter une position médiane entre ces points de vue opposés. Elle a proposé trois lignes de défense contre l'instabilité financière.
La première est la régulation microprudentielle : si toutes les banques font preuve de prudence dans leurs prêts, le risque d'un excès collectif est moindre. La seconde est la manipulation macroprudentielle des exigences en capitaux à appliquer à l'ensemble des secteurs ou à certains segments du marché comme celui des prêts immobiliers. Enfin, si ces deux lignes de défense ne parviennent pas à maintenir la stabilité financière, les banques centrales peuvent agir sur les taux d'intérêt. Au sein de la Banque d'Angleterre, le choix de l'exigence en capitaux propres et la politique des taux d'intérêt dépendant de deux commissions différentes dont les membres ne sont pas les mêmes, la stratégie de Shafik suppose de l'habileté et du savoir-faire politique et bureaucratique.
Quantités de travaux, d'analyses et de débats ont été consacrés aux causes de la crise de 2008 et à ses conséquences. Il est donc surprenant que les principaux banquiers centraux aient encore des positions très divergentes sur la question centrale de la stabilité financière. Apparemment, toutes les journées qu'ils ont passées en conclave secret à Bâle en buvant des bouteilles tirées de la légendaire cave à vin de la BRI n'ont pas abouti à un consensus.
A mon avis, c'est Caruana qui a développé la meilleure argumentation à Lima et Coeuré la pire. S'en tenir à un objectif simple pour "se simplifier la vie", alors que l'on sait que c'est une solution imparfaite, est au mieux inélégant. Nos banquiers centraux doivent être capables de prendre des décisions complexes et choisir entre des objectifs contradictoires. Ils peuvent se tromper, mais il est de leur responsabilité de retenir la leçon de la plus grande crise financière de ces 80 dernières années, plutôt que de persévérer sur une voie qui a manifestement échoué.
Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz
* président de la Banque royale d'Ecosse. Il a été directeur de la London School of Economics de 2003 à 2011,Il a également été président de l'Autorité des services financiers britanniques de 1997 à 2003, vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre et directeur général de la confédération de l'industrie britannique.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.