Le P-DG d'Algérie Télécom, Azouaou Mehmel, évite les questions qui fâchent, s'agissant autant de la lenteur exaspérante du débit de l'Internet en Algérie, de l'infrastructure désuète encore utilisée par AT ou les délais trop longs pour installer une ligne téléphonique chez les clients de l'entreprise. Il a globalement botté en touche, hier, lors de l'émission de la radio chaîne 3 «L'invité de la rédaction» s'agissant de ces cas qui font blanchir les cheveux des clients d'AT, en particulier le manque de prise en charge des trop nombreux dérangements et les coupures fréquentes de l'Internet. En fait, il a reconnu que le programme de développement des équipements lancé il y a trois années est en cours de réalisation et qu'il n'a pas encore donné les résultats escomptés. «C'est un travail de longue haleine, les objectifs ne sont pas tous réalisés», a-t-il souligné, estimant qu'il s'agit «d'un grand chantier pour améliorer la qualité de service et faire face à la demande de raccordements et pour répondre aux besoins des clients». Selon le P-DG d'AT, son entreprise compte actuellement 3,2 millions d'abonnés au réseau téléphonique, ce qui est peu par rapport à la population résidente, et seulement deux millions pour l'Internet haut débit (ADSL). Pour autant, il reconnaît que face aux pays voisins et même par rapport aux standards internationaux, AT accuse beaucoup de retard en termes d'Internet haut débit ou de téléphonie, celle-ci étant actuellement offerte gratuitement dans nombre de pays. M. Mehmel justifie néanmoins ces retards par rapport à l'étendue du territoire (national) à couvrir comparativement aux pays voisins. «Nous avons l'ADSL dans l'extrême sud du pays et le taux de couverture est de 32% à l'»échelle nationale», a-t-il dit. Pour autant, il restera évasif pour expliquer pourquoi les «populations ne sont pas toutes connectées», même s'il y a l'ADSL. Il expliquera en grande partie cette problématique par «un réseau d'accès actuel qui est en cuivre, conçu pour la téléphonie, et qui ne peut supporter l'ADSL de seconde génération avec des débits beaucoup plus importants, avec des contenus multimédias, qui ont besoin de plus de bande passante». «On y travaille», a-t-il expliqué par ailleurs, affirmant que «nous travaillons avec nos fonds propres et nous demandons aux citoyens d'être patients». Mais, le budget d'environ quarante milliards de dinars réservé au développement de l'infrastructure et du réseau sera rogné par la dévaluation du dinar, a-t-il indiqué. Cette dévaluation du dinar «risque d'impacter notre plan de développement. Nous ne pouvons réaliser tout avec ces fluctuations, notre budget est de 40 mds de dinars. Et, avec une baisse de 30% du dinar sur le marché des changes, il y aura 30% de notre programme de développement qui ne seront pas réalisés», explique le P-DG d'AT. Dès lors, «nous sommes obligés d'augmenter nos investissements, et si cela dépasse les capacités de l'entreprise, nous passerons par des prêts bancaires', précise-t-il, avant de déplorer que «nous couvrons des zones où la rentabilité n'y est pas». «Il y a mévente et pas assez de rentabilité pour amortir cet investissement», souligne Mehmel, selon lequel «nous sommes astreints à une rentabilité, car notre nouveau statut est commercial» depuis 2003. Pour assurer sa rentabilité, AT, selon son P-DG, «combine donc ces projets avec ceux des institutions dont l'Intérieur, la Justice et la Santé pour mieux mutualiser ces investissements». Quant au volet de l'économie numérique, le P-DG d'AT a été tout simplement sans réponses face au retard énorme que l'Algérie enregistre notamment dans les paiements électroniques, l'e-commerce et l'interconnexion des réseaux (banques, administrations, transports, tourisme...). AT est en retard et ne fournit donc pas la plateforme nécessaire au développement de l'économie numérique en Algérie. Par ailleurs, il s'est refusé à incriminer le navire responsable de la panne géante de l'Internet au mois d'octobre, indiquant qu'une plainte contre «X» a été déposée. Cette panne a coûté près de 600 millions de dinars à l'entreprise, qui n'a pas payé la réparation du câble sectionné, car c'est le consortium propriétaire qui s'est chargé de cette tâche. Pour éviter ce genre de désagréments et sécuriser les liaisons télécoms de l'Algérie, il a confirmé qu'un troisième câble sous-marin, entre Alger et Valence, va être construit prochainement et dont le coût est entre 13 et 15 millions d'euros. Enfin, il n'a pas répondu à la question du retard énorme, parfois plus de trois ans, qu'accusent les services d'AT pour installer une simple ligne téléphonique dans une zone urbaine. De tels désagréments sont une réalité qu'il a reconnue, en particulier la fréquence des dérangements, ce qui est à l'origine de la création de centres d'appels dans toutes les wilayas, et gérés par des microentreprises de jeunes dans le cadre de l'Ansej.