A l'occasion de l'Année Internationale des Sols (AIS), l'université Hassiba Ben Bouali de Chlef (UHBC) a abrité, les mercredi 18 et jeudi 19 novembre, une rencontre à laquelle ont participé une centaine d'experts de sols et d'agronomie de la sous-région du grand Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie). Cette manifestation scientifique a été organisée conjointement par le ministère algérien de l'Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'institut des sciences agronomiques de l'UHBC, en collaboration avec les gouvernements et le secrétariat de la convention pour la lutte contre la désertification (UNFCCD). A titre de rappel, c'est lors de sa soixante-huitième session que l'Assemblée générale de l'ONU a déclaré l'année 2015 : Année internationale des sols (AIS) dont le slogan est : « des sols sains pour une vie saine ». Celle-ci vise, selon ses initiateurs, « à accroître la sensibilisation et la compréhension de l'importance des sols pour assurer la sécurité alimentaire et permettre à l'écosystème de remplir ses fonctions essentielles ». Dans son allocution d'ouverture, le représentant du ministre de l'Agriculture, M. Kamel Achouri a indiqué que «Les sols renferment au moins un quart de la biodiversité de la planète. Ils jouent un rôle essentiel dans le cycle du carbone, et nous aident à atténuer le changement climatique et à nous adapter à ses effets. Ils ont un rôle clé dans la gestion de l'eau et l'amélioration de la résilience face aux inondations et aux sécheresses et pour cela, nous devons gérer les sols dans une optique de durabilité. À cette fin, nous disposons de plusieurs options parmi lesquelles la diversification des cultures, pratiquée sur la plupart des exploitations agricoles, et, grâce à cette méthode, d'importants éléments nutritifs ont le temps de se régénérer, car nous avons besoin de sols en bonne santé pour atteindre nos objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition, et par ricochet, lutter contre les effets du changement climatique, afin de garantir un développement général durable ». Il est important de noter que les sols sont au cœur des grands enjeux planétaires. Selon les experts, « la sécurité alimentaire, la qualité des masses d'eau souterraines et superficielles, la qualité de l'air, le changement climatique ou la biodiversité sont devenus la priorité de tous les gouvernements sachant que le sol est une ressource naturelle qu'il faut protéger et utiliser durablement. Sa formation, notent les experts, est très lente et sa destruction peut être rapide et quasi irréversible. C'est en ce sens, diront-ils, que l'on peut qualifier les sols de ressources non renouvelables. Or ils subissent partout une réduction très rapide en quantité disponible (surface, épaisseur, volume) et en qualité utile pour les grands cycles de la biosphère : air, eaux, biodiversité, climat, croissance et maintien de la couverture végétale. La liste des destructions totales ou des dégradations le plus souvent irréversibles que les sols subissent dans le monde est impressionnante, d'autant plus qu'une atteinte peut en entraîner ou en faciliter une autre: l'imperméabilisation sous l'effet de l'étalement urbain et de celui des infrastructures, l'érosion par la pluie, le vent ou les travaux aratoires, la baisse des teneurs en matière organique et des stocks de carbone des sols (facteur clef si l'on veut absorber le gaz carbonique émis), la contamination diffuse ou ponctuelle, le tassement par les engins agricoles ou forestiers, la baisse de la biodiversité et du patrimoine génétique des organismes du sol, les inondations et les glissements de terrain, la salinisation, l'acidification, sous l'effet de phénomènes naturels ou d'origine humaine. Faut-il rappeler encore qu'en plus du changement climatique et de l'augmentation des surfaces touchées par l'aridité, la désertification est accentuée par des dégradations des sols d'origine naturelle ou humaine : érosion, surpâturage, salinisation. Pour ce qui en est des solutions pour pallier à ce problème, les intervenants à ce séminaire ont été unanimes à reconnaître qu'elles existent et sont nombreuses, et dans la plupart du temps, peu coûteuses et peuvent favoriser la couverture végétale permanente des sols, en diminuant les tassements, et en apporter plus de matières organiques et surtout limiter voire supprimer totalement l'utilisation de pesticides, et enfin favoriser partout les circuits courts et l'alimentation locale et saisonnière. A noter que les thématiques développées au cours de cette rencontre ont été regroupées sous quatre axes d'intervention principaux ; lesquels se rapportent, essentiellement aux « Caractéristiques des ressources en sols et les mécanismes de suivi et d'évaluation, les méthodes et pratiques de préservation des ressources en sol contre la dégradation; le rôle de la société civile pour la sensibilisation sur l'importance des sols dans le développement durable ; ainsi que les nouvelles bonnes pratiques de préservation des sols ». A la clôture de ce rendez-vous scientifique, des recommandations et des synthèses ont été faites par les intervenants dans le but de contribuer à la préservation et le développement durable de l'exploitation des ressources en sol.