L'amorce d'une sensibilisation accrue comme moyen de lutte est demandée. C'est la conclusion à laquelle est arrivé le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati, sur la base de deux enquêtes menées parmi les collégiens et les lycéens d'établissements scolaires. Présentées, hier, au forum d'El Moudjahid, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre les drogues et la toxicomanie, célébrée le 26 juin de chaque année, ces enquêtes révèlent à quel point le mal est profond et touche de plus en plus de jeunes. En effet, la première enquête menée au mois de mars de l'année en cours dans les lycées et CEM d'Alger-est (El Harrach, Baraki, Eucalyptus, Sidi Moussa, Badjarah, Bordj El Kiffan, Bab Ezzouar, Dar El Beïda, Rouiba, Dergana et Aïn Taya) indique que sur les 8.645 élèves questionnés, 14,8% des garçons et 2,2% des filles du CEM consomment du tabac et 34, 3% des lycéens et 3,6% de lycéennes fument. Sur ce même échantillon, 7,75% des collégiens, 1,27% des collégiennes et 18,77% des lycéens et 2,21% des lycéennes avouent avoir consommé de la drogue depuis au moins un mois, avant la date de l'enquête. La consommation des drogues qui concerneaussi bien le kif, le hachich, l'ecstasy, les psychotropes, la cocaïne, l'héroïne et les blattes (cafards) qui sont une véritable source d'asthme pour les jeunes, se fait en groupe pour les lycéens (78%) et seules pour les filles (76,7%). Pour ce qui est du rythme de la consommation, celle-ci est quotidienne pour 21,6% des collégiens et 26,4% pour les lycéens et 18,6% pour les lycéennes contre 8,8% des collégiennes. Plus grave révélation de cette enquête est que 46,7% des collégiens et 70,6% des collégiennes consomment avant midi et 56,3% des collégiens et 29,4% des collégiennes en consomment le soir. Pour le troisième palier, la consommation se fait le soir avec 84% pour les garçons et 75% pour les filles. « 86% des lycéens et collégiens des deux sexes reconnaissent que la drogue ne règle pas les problèmes », soutient le Pr Khiati. La deuxième enquête a concerné les universités d'Alger (Alger 1, USTHB, Alger 2), Boumerdès, Bouira, Skikda, Batna, Ouargla, M'sila et Oued Souf. Sur les 8.716 étudiants interrogés, 2015,6% des étudiantes et 51% des étudiants fument. 27% des garçons et 6 filles reconnaissent avoir consommé de la drogue. Certains (6% des filles et 30% des garçons) ont consommé de l'alcool. Cette consommation peut se faire n'importe où (43%), en dehors de l'université (24%) ou à la cité universitaire (18%). Le président de la Forem, pour qui « il faut s'alarmer des chiffres dévoilés », affirme que « ces enquêtent prouvent que la sensibilisation a régressé d'où la nécessité de booster ce segment avec la conjugaison des efforts du mouvement associatif et des pouvoirs publics ». Comme il a souligné l'importance de ne pas pénaliser le consommateur, mais de lui faire exécuter des travaux d'intérêt général « au lieu d'un séjour en prison où il peut s'imprégner d'autres méfaits ». Pour le président de la Forem, la légalisation de la consommation de la drogue pour mieux la contrôler « n'est pas la solution, car légaliser c'est ouvrir la porte de l'enfer ».