L'affaire Sonatrach 2, et Mohamed Réda Hemech, ancien directeur de cabinet du P-DG Mohamed Meziane, se sont invités, dans le procès de Sonatrach 1, lors de l'audition du troisième groupe d'accusés, supposés impliqués dans le contrat relatif à la réhabilitation du siège de Sonatrach à Ghermoul, ce jeudi, au Tribunal d'Alger. Le déclic, venait des déclarations de Nouria Meliani, responsable du bureau d'études CAD, ayant remporté le projet, dans sa partie étude pour la réhabilitation du siège de Ghermoul, ainsi que plusieurs contrats non achevés et qui sont restés en suspens (passif de BRC, filiale de Sonatarch dissoute). Le juge Mohamed Reggad, a damandé à Nouria Meliani, quelle est la fonction exacte de Hemech Mohamed Réda, qui aurait, selon ses déclarations, devant le juge instructeur, intervenu pour qu'elle bénéficie de plusieurs contrats de gré à gré, avec Sonatrach. Elle répond qu'il est «l'ami de la famille», l'ami de son oncle qui travaillait, dans le corps diplomatique». Et de préciser «on est du même patelin», mais elle dit ne pas connaître la fonction exacte de Hemech Mohamed Réda. Et de souligner, devant le juge, «qu'il était un cadre important à Sonatrach». Face à cette réponse vague, le président de l'audience a appelé Chawki Rahal, ex-vice-président du groupe pétrolier, chargé des activités commerciales : «vous connaissez la fonction de Hemch Mohamed Réda ?». Rahal répond «Il était au dixième étage, là où il y a les hauts cadres, il occupait le poste de directeur de cabinet de l'ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane». Le président de l'audience, revient pour demander à Nouria Meliani, si «c'est lui qui a intervenu auprès des hauts cadres de Sonatrach pour que vous bénéficiez de contrats, avec Sonatrach ? Elle répond «non, j'ai sollicité son intervention pour qu'il m'aide à récupérer mon argent». Et affirme que sur 45 millions de DA, frais de l'étude, la Sonatrach n'a payé que la moitié, j'ai eu droit à 50 %. «Ils ont refusé de me payer le reste, sous prétexte que les ingénieurs de Sonatrach n'ont pas apprécié mon travail», atteste-t-elle. Le juge insiste «pourquoi avez-vous versé 5.000 euros dans le compte de Hemch, et par la suite vous avez injecté 2.000 euros dans le compte de son épouse et 16.000 euros pour l'achat d'une Mercédès en son nom ?» Elle précise que la Mercedes était une voiture d'occasion. «Mais, c'est une Mercédes», lui précise le juge. Selon Nouria Meliani, Hemch lui a demandé de lui prêter cet argent, qui a été totalement, remboursé par la suite. Le juge insiste « est-ce Hemch Réda vous a harcelé pour que vous lui payez les frais de service». Elle insiste «non, ce sont des prêts, je lui prêtais, seulement, de l'argent, je ne peux pas fournir plus de détails, ça concerne l'affaire de Sotarach 2, dont l'instruction est en cours ». L'avocat de Meliani intervient, en relevant, qu'il y a une certaine confusion entre les déclarations faites par sa cliente, devant le juge instructeur, dans l'affaire de Sonatrach 1 et l'affaire Sonatrach 2. Le président de l'audience, Mohamed Reggad, insiste «non ce sont en fait, ses propos devant le juge instructeur, dans l'affaire de la Sonatrach1». Le juge fait remarquer à Nouria Meliani qu'elle est poursuivie pour blanchiment d'argent, en faisant ressortir une longue liste des biens acquis en France, et une multitude de comptes bancaires avec plusieurs montants, certains provenant de ses entreprises et d'autres entreprises avec lesquelles, elle traitait, cela va des deux bureaux d'étude et d'architecture, à la vente et l'achat du sucre, jusqu'à la création d'une entreprise de cosmétiques, «de renommée mondiale» dit-elle. Nouria Meliani a affirmé qu'elle n'a pas de biens en Algérie, car elle avait programmé son départ définitif de l'Algérie pour s'installer en France, avant l'éclatement de cette affaire, pour des raisons de santé. «J'ai uniquement une maison que j'ai acquise en 1995, pour une somme de 3 millions de DA, car j'étais employé de la CNEP». Elle a indiqué, également, être propriétaire d'une villa à Oran. Nouria Miliani a voulu disculper, lors de son audition, Mohamed Senhadji, ancien directeur des Activités centrales, en affirmant qu'il n'est intervenu qu'au bout de la chaîne, dans la signature du contrat. Et d'ajouter que «s'il y a eu une erreur, la responsabilité est partagée par les 50 cadres de la Sonatrach et non pas, seulement, par Senhadji». Mohamed Reggad lui rappelle que le jugement revient au juge et non pas à elle. Mohamed Senhadji est appelé à la barre, et le juge lui demande «dans vos déclarations, devant le juge d'instruction, vous aviez affirmé que les contrats de gré à gré ont été accordés au bureau d'étude CAD, grâce à l'intervention de Réda Hemech». Mohamed Senhadji dément et affirme «c'est le juge instructeur qui m'a dit que Nouria Meliani avait affirmé qu'elle a bénéficié de l'intervention de Hemech, pour remporter les contrats de gré à gré, j'ai tout simplement dit, peut-être». La patronne de CAD continue à réclamer les factures non payées par Sonatrach, elle a affirmé qu'elle continuera à les réclamer, après la fin du procès en cours. MAITRE BRAHIMI CONTESTE L'ABSENCE DE HEMECH A CE PROCES Maitre Brahimi intervient, en pleine audition de la patronne du bureau d'étude CAD, pour demander au juge, pourquoi Hemech Mohamed Réda , supposé avoir perçu des cadeaux de la part de Nouria Meliani , en profitant de son poste et en intervenant, auprès des cadres de Sonatrach, en faveur de Meliani, n'est-il pas parmi les inculpés ? «Monsieur le juge, cet ex-directeur de cabinet de l'ex P-DG de Sonotrach, en retraite actuellement, est à l'étranger. Il n'est pas du tout inquiété. Pourtant, vous avez bien évoqué son implication dans cette affaire, en le citant et en interrogeant Nouria Meliani, sur sa personne». Il s'interroge «y a-t-il des super-citoyens et des sous- citoyens ?» Maitre Brahimi, revient pour interpeller, directement, le procureur général en dénonçant «la politique de deux poids, deux mesures». Et de l'interroger «pourquoi n'avez-vous pas requis son inculpation ?» L'ex directeur de cabinet de Mohamed Meziane, Hemech Mohamed Réda serait, apparemment, en Suisse, actuellement. Ce n'est pas le seul absent réclamé. L'accusé dans cette affaire, Mouloud Aït El-Hocine, directeur technique de l'activité de commercialisation, s'est interrogé sur l'absence de Mohamed Benabbès, son supérieur hiérarchique, qui occupait le poste de directeur de l'Administration et des Moyens généraux de l'activité commercialisation. Il a même indiqué, devant le juge, qu'il y a eu dissimulation des faits et des documents, dans cette affaire de Ghermoul. Sans pour autant citer, l'ex-ministre de l'Energie, plusieurs cadres impliqués, ont affirmé, qu'ils ont agi, suite à ses instructions, pratiquement dans les trois affaires. LE CONTRAT AVEC IMTEC ANNULE APRES «INSISTANCE» DU DRS Chawki Rahal, l'ex vice-président du groupe Sonatrach, chargé des Activités commerciales, a affirmé au juge Mohamed Reggad, qu'il n'a subi aucune pression, dans les locaux du DRS, au cours de l'enquête, et au cours de son interrogatoire. Mais, il a tenu à préciser, dès que j'étais informé, en août, par la police judiciaire qu'il y a malversations dans l'octroi du contrat accordé à l'entreprise allemande IMETC, pour la réhabilitation de l'ancien siège, pour un montant de 48 millions d'euros, après les négociations sur un prix initial de 71 millions d'euros, pour la partie réalisation, j'ai suspendu le contrat. Et de souligner qu'il avait informé ses supérieurs que ce soit le P-DG de Sonatarch ou le ministre de l'Energie. Il précise qu'il a été invité, à trois reprises, par les éléments de la DRS, pour l'annulation, pure et simple, du contrat, «j'ai, suite à ma visite des locaux de la DRS, informé, encore une fois, mes supérieurs, mais je n'ai pas eu de réponse. Il explique que les choses semblaient compliquées, car après l'ouverture de l'offre financière et après la signature du contrat, il est interdit de le rompre, car celui qui remporte le marché a le droit de demander d'aller vers l'arbitrage», a-t-il dit. «J'ai fini par convaincre l'ex-PDG de la Sonatrach et l'ex-ministre d'annuler le contrat, suite à ma dernière convocation, par le DRS. «J'ai informé mes supérieurs que je ne suis pas le vice-président de Ghermoul, mais de l'activité commerciale, et que j'en ai ras-le-bol». Et de poursuivre «suite à cela, j'ai obtenu une décision écrite de la part de l'ex ministre, de l'ex P-DG de la Sonatrach, pour l'annulation du contrat». Et de conclure «mon seul souci était de préserver les intérêts de mon entreprise» conclut-il. Le procès reprendra, demain dimanche, avec l'audition des entreprises étrangères, impliquées dans l'affaire Sonatrch 1 : Funkwerk, Saipem, IMTEC.